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Photo G.Verneret 

 

BRANLOIRE PÉRENNE

 

« Ai-je laissé quelque chose à voir derrière moi ? J’y retourne, c’est toujours mon chemin. Je ne trace aucune ligne certaine, ni droite, ni courbe. (…) J’entreprends seulement de me branler quand le branle me plaît. Et me promène pour me promener. »

                                                                Tonton Montaigne (Les Essais, III, 9)

 

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CE SITE VA ETRE PROGRESSIVEMENT MIS EN VEILLE. SI VOUS SOUHAITEZ CONNAITRE LA SUITE DE MES PASSIONNANTES AVENTURES (Avec qui me fâcherai-je le mois prochain ? Quelle terrible malédiction frappe mes différents éditeurs ? Irai-je au Tibet ?), RETROUVEZ-MOI SUR http://houdaer.hautetfort.com/  

Lundi 28 mai

On en reparle de mon Polar Grimoire.

A signaler que l’individu très recommandable qui me questionne est également (entre autre) l’auteur de ce blog musical.

Autrement, j’ai rafraîchi quelques liens très anciens dans ce blog. N’hésitez pas à me signaler ceux qui s’avèreraient défectueux.

Pour mon emploi du temps de juin, voir en page « actualités ».

 

Mardi 15 mai

       Jeudi 24 mai, à 18h30, je lis (avec les (h)auteurs) sur le thème « Ogres et boucherie », et signe mon dernier livre à la librairie « Au bonheur des ogres » (9 Grand Rue de Vaise, Métro Valmy, à 40 mètres de la Médiathèque).

 

Mercredi 2 mai

       On en cause de la nouvelle collection Polar Grimoire.

 

Lundi 1ier mai

       Mon feuilleton baudelairien, commencé lors du marathon d’écriture de ce week-end :

 

       LES PALPITANTES BIEN QUE FORT PEU SEXUELLES AVENTURES DE CHARLES BAUDELAIRE AU XXIème SIECLE (1)

 

charles baudelaire

est un poète

il a touché une bourse en tant que tel

il est édité

chacun de ses différents recueils possède son code ISBN

on lit ses textes

sur différentes scènes

on en parle

dans de jolies revues

pourtant

il se souvient avoir offert à sa jeanne duval

il n’y a pas si longtemps de cela

à l’occasion de son anniversaire

un aspirateur

d’autres cadeaux entouraient l’engin à enrouleur de prise automatique

des présents plus beaux et moins utiles

mais il a bien offert

un aspirateur

emballé dans du papier-cadeau

à sa muse

 

qui accabler ?

 

 

LES PALPITANTES BIEN QUE FORT PEU SEXUELLES AVENTURES DE CHARLES BAUDELAIRE AU XXIème SIECLE (2)

 

charles baudelaire

veut tourner un documentaire

sur des bestioles nocturnes

qui n’ont jamais connu l’honneur

d’un film animalier

les poissons d’argent qui virgulent chaque soir

sur le sol de ses toilettes

 

las

charles baudelaire n’a pas le sou

pour acheter une caméra

alors il demande une subvention

comme on la lui refuse

charles baudelaire casse la tête

d’un fonctionnaire de la culture

 

après

il va en prison

mais c’est déjà un autre épisode

 

 

LES PALPITANTES BIEN QUE FORT PEU SEXUELLES AVENTURES DE CHARLES BAUDELAIRE AU XXIème SIECLE (3)

 

charles baudelaire

sent bien que son procès

s’annonce mal

alors

il saute dans un train

se rend sur une grosse montagne

pleine de neige

où il apprend à chausser les skis

sa jeanne duval est là

pour l’applaudir

quand il décroche sa première étoile

 

 

LES PALPITANTES BIEN QUE FORT PEU SEXUELLES AVENTURES DE CHARLES BAUDELAIRE AU XXIème SIECLE (4)

 

à une jolie prostituée

charles baudelaire

montre ses initiales

allumées au dessus du distributeur automatique

de billets

façon de lui dire

fais-moi confiance

 

 

LES PALPITANTES BIEN QUE FORT PEU SEXUELLES AVENTURES DE CHARLES BAUDELAIRE AU XXIème SIECLE (5)

 

roulant à vive allure

charles baudelaire aperçoit au dessus de l’A.6

un panneau lumineux 

« DES HOMMES TRAVAILLENT

SOYEZ VIGILANTS »

il en attrape des frissons

les mains rivées sur son volant

 

 

 

LES PALPITANTES BIEN QUE FORT PEU SEXUELLES AVENTURES DE CHARLES BAUDELAIRE AU XXIème SIECLE (6)

 

charles baudelaire se fait du soucis

sa jeanne duval est entrée dans une secte

celle des généalogistes

elle harcèle les archives municipales

au poète

elle a des photos à montrer

celles de ses ancêtres

tous y sont

tout y est

constate charles baudelaire

les airs de vieille fille revêche

les superbes bacchantes

les beaux uniformes

les longues jupes

tout y est

à l’exception

des chevilles et des poignets

des gorges et des voix

reste sa jeanne duval

avec toutes ses preuves

de quoi ?

 

 

LES PALPITANTES BIEN QUE FORT PEU SEXUELLES AVENTURES DE CHARLES BAUDELAIRE AU XXIème SIECLE (7)

 

charles baudelaire

anime des ateliers d’écriture

il demande à des gens qui ont payé pour cela

de décrire leur trousse

en quarante lignes minimum

cela lui laisse le temps

de réviser

le texte de son dernier poème

sobrement intitulé

« Dieu n’est pour rien dans la recrudescence des vols de sacs plastique »

 

 

LES PALPITANTES BIEN QUE FORT PEU SEXUELLES AVENTURES DE CHARLES BAUDELAIRE AU XXIème SIECLE (8)

 

devant le distributeur de pailles du Mac’Do

charles baudelaire rencontre zarathoustra

qui lui souffle

les poètes mentent trop

charles baudelaire ne cherche pas à le contredire

il est pressé de ramener son plateau

à sa jeanne duval qui a un appétit de louve

 

       

        LES PALPITANTES BIEN QUE FORT PEU SEXUELLES AVENTURES DE CHARLES BAUDELAIRE AU XXIème SIECLE (9)

 

charles baudelaire

relit

ce que l’on a écrit

sur son compte

il y a de quoi

en être accablé

la preuve

sitôt reposées toutes ces inepties

charles baudelaire

reprend du fromage

 

 

Mardi 17 avril

Naissance de la collection Polar-Grimoire. Deux livres pour l’étrenner : celui de Renaud, et le mien :

 

Mercredi 11 avril

       Rimbaud parlait d’un « long… quoi, déjà ? ».

 

Vendredi 30 mars

Ces derniers jours, j’ai repris contact avec Leonard Cohen, René Char, Cormac Mac Carthy, etc.

Ces derniers jours, j’ai animé un atelier d’écriture en prison qui, des trois heures initialement prévues pour son bon déroulement, a été raccourci à moins d’une heure grâce à la mauvaise volonté de certains surveillants. Le temps de trajet aller-retour jusqu’à cette prison, quant à lui, a été maintenu à presque quatre heures.

Ces derniers jours, j’ai animé la rencontre Pascal Garnier-Nan Aurousseau qui a failli tourner au pugilat. Au milieu du ring, je me suis souvenu que mon job-d’une-après-midi était celui de modérateur. Même le vent jouait contre moi, secouant le chapiteau sous lequel avait lieu la rencontre, pilonnant l’hippodrome de Bron où se déroulait la Fête du Livre.

Ces derniers jours, j’ai lu un livre par jour. La routine. Le contraire de la routine.

Ces derniers jours, j’ai payé pour voir un film rempli de spartiates et d’hémoglobine. Les éléphants (numérisés) y réussissaient de jolis sauts dans le vide.

Ces derniers jours, je suis retourné à Brest (plusieurs chapitres de mon nouveau roman s’y déroulent) grâce à la lecture d’une B.D (« Un homme est mort », Kris/Davodeau chez Futuropolis, l’histoire vraie du film invisible de René Vautier).

Ces derniers jours… toujours, et de plus en plus, la politique. J’ai emprunté à la bibliothèque « Le poisson dans l’eau », où Vargas Llosa raconte sa participation à la présidentielle (un engagement politique qui aura duré trois ans). En exergue, cette citation de Max Weber : « Les premiers chrétiens aussi savaient très exactement que le monde est gouverné par les démons et que celui qui se mêle de politique, c’est-à-dire consent à utiliser comme moyens le pouvoir et la violence, a scellé un pacte avec le diable, si bien qu’il n’est plus assuré de produire le bien avec ce qui est bon et le mal avec ce qui est mauvais, car fréquemment il en va tout le contraire. Celui qui ne le voit pas est, politiquement parlant, un enfant. »

 Ces derniers jours, j’ai repassé les judogis de mes enfants, supprimé le fromage de mon alimentation, aperçu UN de mes livres en vente au festival Quais du Polar (« L’idiot n°2 », sur le stand de la librairie Passages)…

Ces derniers jours, je me suis laissé conduire par une photographe aux yeux verts jusqu’à Saint-Symphorien-de-Lay, préparé à un futur marathon d’écriture avec les (h)auteurs

 

Jeudi 29 mars

Quelle triste fête que la « Fête de l’Huma » qui s’est tenue récemment à la Fac de la Doua ! J’y ai rejoint Philippe, responsable à la C.G.T, l’un de mes meilleurs pourvoyeurs de DVD et de livres (le dernier bouquin qu’il m’ait passé : une biographie de Maurras !). J’y ai également rejoint Alain, de la librairie « A plus d’un titre ». Au dessus de nos assiettes savoyardes (fromage et patate à volonté, mais interdiction de se resservir en charcuterie), il m’a annoncé son intention de voter Bayrou ! Nous avons parlé haut et fort, animé la tablée en affirmant créer un groupe d’extrême gauche pro-Bayrou. Un jeune type a même changé de place tant nous l’indisposions !

Le stand que j’ai le plus fréquenté est celui de Pif Gadget. J’ai été impressionné par le combat qu’ont mené des enfants pour sauver le Pif géant (et gonflable) qui décorait le stand. Son museau frottait dangereusement contre les néons de la salle.

 

Samedi 24 mars

       Petit rafraîchissement de ma page de liens (pas du luxe) : compagnie In Time, site de Patrick Dubost, biscotttos d’Olivier Lafay (qui mérite bien trois « t »… d’ailleurs, s’il était un véritable ami, il m’en refilerait quelques uns), du polar et des pollens, etc.

 

Mardi 20 mars

       Comme si je n’avais pas assez de casseroles sur le feu (et au derrière ? Quand je cause cuisine, c’est toujours d’écriture dont il s’agit), je tiens depuis quelques semaines un « journal politique ». Pour l’heure, il reste privé. Certaines de ses notes s’insinueront-elles jusqu’ici, jusqu’à ce blog ?

 

Lundi 19 mars

Comment battre Sarko, quel adversaire lui opposer au second tour ? Cet extrait d'article de Libé, consacré à l’arrestation de Battisti, me souffle la réponse :

" Ce «coup» serait aussi un moyen d'embarrasser les adversaires politiques qui, lors de la polémique de l'été 2004, avaient soutenu l'écrivain italien. Dont Dominique Voynet, qui indiquait hier qu'elle gardait sa ligne, à savoir «le refus d'extrader un homme qui ne peut pas bénéficier d'un nouveau procès en sa présence». Une position identique à celle de François Bayrou, qui a répété hier ce qu'il avait affirmé en octobre 2004. «Quelle que soit l'horreur que m'inspire cette période, l'horreur que m'inspirent ces actes, dont je ne sais pas s'il est coupable ou pas, notre droit français, européen, occidental, c'est qu'un homme a droit à un procès en sa présence», a-t-il déclaré au terme de sa visite au Salon de l'Etudiant. La position la plus prudente est venue du PS, dont le premier secrétaire, François Hollande, était allé rendre visite à l'écrivain à la prison de la Santé en 2004, alors que l'Italie avait demandé son extradition à la France. Hier, le PS a souligné «son attachement au respect strict de l'application des conventions internationales sur l'extradition», mais en ajoutant que Battisti «a fui, c'est de sa responsabilité, il n'aurait pas dû le faire. Maintenant il doit être extradé».

C'est un type avec tracteur qu'il faut envoyer contre Sarko (non, José, ce n’est pas toi que j’ai appelé !).

 

Dimanche 18 mars

       Pédanterie # 3

       "Génération après génération, nous avons besoin de garder à l'esprit que Shakespeare n'a jamais été un intellectuel. Il écrivait des pièces de théâtre pour plaire au plus grand nombre et pour gagner de l'argent ; il les écrivait rapidement et il réussissait parfaitement ce qu'il entreprenait. Qu'elles aient été également de très bonnes pièces, qu'il ait accumulé peu à peu une signification cachée sous la surface et qu'il soit parvenu à faire atteindre des sommets de beauté à la langue anglaise : tout cela est un bénéfice pour la postérité. Hamlett est une excellente et ténébreuse tragédie sanglante. (...) Savait-il qu'il s'agissait d'un chef d'œuvre? Il savait que cette pièce était bonne et plaisait au public, mais, au-delà de ces considérations, était-il conscient de ce qu'il avait accompli? Peut-être en buvant une pinte de bière à la Mermaid Tavern".

Anna Mary Wells , "Polar mode d'emploi 1" paru chez encrage

 

Samedi 17 mars

       Mon nouveau roman paraîtra avec un retard d’une quinzaine de jours.

       Avec la quadruple représentation de ma pièce « Empty », j’ai reçu un très beau cadeau. Gratitude à Carine Pauchon (la metteuse en scène), à Adrien Bretet et à Anthony Guyon (les interprètes). 

 

Mardi 13 mars

Atelier d’écriture à la Maison d’Arrêt de Privas. Place des Recollets. Je lis « Place des Recalés », puis « Place des Recollés ».

 

Jeudi 1ier mars

Pédanterie # 2

       « Il ne s’agit pas de me faire auteur, mais il me semble qu’un homme du monde peut avoir des pensées et les recueillir sur un carnet. »

Monsieur Perrichon

 

Mercredi 28 février

Pédanterie # 1

Description de la mode sous le Directoire par L’Encyclopédie populaire (1899) :

« Ce ne furent que tuniques grecques, cothurnes classiques, dolmans turcs, coiffures à la Caracalla…. Il y eut le bal partout. Mais le plus caractéristique fut celui sous le nom de « Bal des victimes » qui se tint à l’hôtel Richelieu. On n’y admit que les jeunes gens qui pouvaient citer le nom d’un père, d’un frère, d’une sœur ou d’un oncle immolés sur la place de la Révolution. En entrant à ce bal, les danseurs saluaient « à la victime » d’une inclinaison sèche, imitant le mouvement d’une tête que l’on coupe. De cyniques « merveilleux » imaginèrent même de se faire raser la nuque à la façon dont Samson accommodait ses victimes, et il y eut des « merveilleuses » qui osèrent serrer autour de leur cou un mince collier rouge imitant à ravir la section de la lame… Puis on chantait en chœur :

Quand Robespierre reviendra

Tous les jours deviendront des fêtes,

La terreur alors renaîtra

Et nous verrons tomber des têtes ! »

 

Mardi 27 février

Bulle-qui-sait-lire-et-écrire évoque « L’idiot n°2 », mon premier livre publié.

Sept ans plus tard, je n’ai pas gagné 300 € net avec ce bouquin. Merci au Serpent à Plumes qui s’est cru dispensé de m’envoyer un relevé de compte dès la seconde année après la parution du livre ! Je n’ai aucun doute sur le fait que les membres de l’ancienne équipe éditoriale ainsi que ceux de la nouvelle iront voter Ségo, la bouche en cœur.

Rien à voir ( sauf que…), ma lecture réjouissante de « Chronique d’une liquidation politique » de Fajardie (1993). Même si je ne suis pas (n’ai jamais été) d’extrême gauche (par dégoût de l’alter-catéchisme), Fajardie frappe fort et juste. En 93, qui d’autre que lui pouvait écrire un pamphlet pareil ?

 

Mardi 20 février

Mon mois de mars continue de se chargerde promesses (voir à la page « actualités »). A suivre

 

Dimanche 18 février

NE MÊME PAS ÊTRE CERTAIN DE LA CHUTE

 

balcon lumière

sur le point de se décrocher

il tient à un clin d’œil

qu’elle me lancera

qu’elle ne me lancera pas

peut-être me l’a-t-elle déjà lancé

peut-être l’ai-je raté

je n’ai rien appris

concernant la loi de la pesanteur

ou j’ai tout oublié

je ne vois pas venir

le choc

il me faudrait des yeux

plus que des yeux

pour cela

 

Samedi 10 février

       Hergé n’a qu’à bien se tenir (ah bon, il est mort ?), je me lance dans la B.D ! À moi, les grands prix d’Angoulèmeuh, les séances de dédicace avec service d’ordre approprié, avec piquets et cordes pour canaliser la foule de mes lecteurs, etc. !!!

       Autrement, mon mois de mars se dessine joliment (voir à la page « actualités »).

 

Mercredi 7 février

Signaler les deux livres qui m’ont le plus marqué l’année dernière : deux biographies.

La première consacrée à Barrès, sans complaisance et écrite dans une langue inouïe. J’invite ceux de mes amis qui honnissent « le rossignol du carnage » (anti-dreyfusard de surcroît) à la lire.

La seconde consacrée à René Char (quand je l’ai attaquée, terme qui convient, Char n’était pas mon poète de chevet). De la bagarre à chaque chapitre.

Char est un poète utile à celui qui a une porte à défoncer, un éditeur ou un critique à mettre en mille morceaux, une injustice à corriger.

Char est pied de biche, dynamite, poing américain capable de frapper au fond de la gueule de l’autre.

Char a senti quand il était « juste d’être injuste ».

Char casse la gueule à qui le mérite. Et Char est contagieux. Char et toute sa « Wild Bunch » connaissent le rythme le plus profond…

Char résistera au rouleau compresseur de la commémoration qui le menace cette année.

Je n’ose imaginer ce qui se serait produit si Barrès et Char s’étaient retrouvés dans la même pièce.

Signaler que Sarah Vajda, l’auteur du premier ouvrage (également responsable d’une biographie assassine consacrée à Edern-Hallier) est actuellement frappée par une censure… pleine de sens.

 

Mardi 6 février

NOUS Y SOMMES

 

rituel informatique

double-cliquer sur l’ICÔNE AVEC RACCOURCI

comme une double prosternation

incliner sa flèche

la poser sur la BARRE DES TÂCHES

mon ordinateur fait de plus en plus de bruit

pas mes livres

 

Lundi 5 février

       Mes vœux. Est-il encore temps de…

       Pour l’année 2007 donc, être à la hauteur de / se caler sur cette phrase de Strinberg :

« La ruine, pour avoir de l’air et de la lumière. »

What else ?

 

Vendredi 2 février

Raspoutine, Walt Disney, Johnny Weissmuller, Leni Riefensthal... et moi.

 

Samedi 27 janvier

       Résurrection du blog des (H)auteurs. Wilfrid a le droit de sortir de la cale dans laquelle il a travaillé jour et nuit ces dernières semaines. 

       Une belle lecture déambulatoire et collective jeudi soir. Seul regret : que certaines personnes ne se soient pas déplacées.

       Correction des épreuves de mon prochain roman. Ça sent l’encre (d’imprimerie) !

 

Jeudi 25 janvier

VISITE À L’APPARTEMENT

 

je lui fais faire

le tour du propriétaire

elle me suit

en toute confiance

 

la mosaïque du sol

mille et un morceaux

de peaux

 

je me penche

pour lui montrer

ces peaux que j’ai aimé

caresser

lécher

mordre

 

elle sait

qu’ici

on donne ce que l’on veut

elle sait

qu’avec moi

il y a un prix à payer

mais qu’il est libre

cette seule condition

suffirait à donner le vertige

à n’importe qui

elle tombe

évanouie

je passe à l’étape suivante

 

Mardi 23 janvier

       ROUSSE

 

       la femme se confie au docteur

elle le fait en anglais

je comprends que tout ne tourne pas rond

dans sa vie sexuelle

le docteur la trousse aussi sec

l’examine

s’exclame

AMAZING

AMAZING

elle s’étonne

il s’étonne

nous nous étonnons

mes amis et moi

face à l’écran de télé

le doc est formel

déclare à la femme qu’elle n’a pas de clitoris

elle a beau écarter les jambes tant et plus

le doc ne revient pas sur son verdict

il poursuit l’auscultation de sa patiente

examine sa gorge

bingo

le clitoris est là

caché au fond de sa gorge

moi

c’est au fond de mon magnétoscope

que j’ai découvert les années 70

 

Lundi 22 janvier

je la vois

grimper

dans un bus qui ressemble

à un vaisseau spatial

je la vois

faire poinçonner

son A.D.N

je la vois

disparaître

au milieu des passagers qui sont autant

d’extraterrestres

je suis le seul

être

humain

qu’elle connaît

je le lui crie

en vain

j’essaye de l’écrire

sur une vitre du bus

j’ai le bout des doigts gelé

quand l’engin quitte la station

il ne me reste plus

qu’à créer une secte

certains ne se sont pas gênés de le faire

avec moitié moins de visions

moitié moins de blessures

 

Lundi 15 janvier

       Ces derniers jours, vous pouviez toujours taper « www.houdaer.com » dans la barre URL, vous ne risquiez pas de tomber sur mon site. De la faute de « Gandi », boite censée permettre de protéger les noms de domaine. Si vous créez un site, ne sollicitez pas ses services.

       Fin de la première rubrique « consommateurs-Que choisir » de ce blog. N’en déplaise à Z., alias Tonton Nietzsche (« De la vertu amoindrissante »), qui affirme joliment : « Montrer ses piquants à de menus ennuis, c’est à mon avis une sagesse de hérisson. »

       Les pépins techniques n’arrivant jamais seuls, Wilfrid de « Là Hors De » tarde à relifter le blog collectif des (H)auteurs. 

       Pas à dire, tout cela m’a mis d’excellente humeur. De quoi devenir un « homme du ressentiment », Tonton N. ?

 

Lundi 18 décembre

-         T’as intérêt à avoir une bonne excuse.

-         Pour ne pas avoir alimenté mon blog ces deux derniers mois ?

-         C’est ça.

-         Être en train de boucler un roman qui sortira en mars, ça te convient comme excuse ?

-         C’est correct.

-         Si je recopie ta dernière réponse, on saura que t’es québécois.

-         M’en fous. C’est quoi, ton roman ?

-         Secret industriel. Il est imprimé fin janvier. L’éditeur vient de m’envoyer le quatrième de couverture. Du bon boulot.

-         Polar ?

-         Oui, mais un polar d’un genre nouveau. Pour moi. Autrement, tu trouveras à patienter avec quelques textes de moi disséminés ici et là.

-         O.K, mais… ces deux derniers mois, tu as bien fait des choses ?

-         … Je n’aime pas tes italiques.

-         T’occupe pas de ça, pré-occupe-toi plutôt de retranscrire fidèlement notre échange.

-         Tu peux me faire confiance.

 

Lundi 16 octobre

       Le quatrième numéro de « La sœur de l’ange » vient de sortir. Il vaut ses 18, 50 €. Je ne suis pas peu fier d’y présenter (brièvement) un texte de Vialatte ainsi que d’y glisser une (longue) nouvelle. Du côté des noms connus : Debord, Philippe Corcuff, Andrée Chédid, Jean-Yves Leloup, André Chouraqui etc. Un cahier passionnant consacré au « Grand jeu ». Crépu et Bernanos. Yannis Constantinidès & Sophie Deltin pour « Nietzsche et la fiction ». Comment résumer les 250 pages de ce numéro ?

 

Mardi 10 octobre

       Décidément, les ateliers sont les lieux qui m’émeuvent le plus au monde.

 

Lundi 9 octobre

       Un texte inédit de moi, et plusieurs autres signés de la wild bunch, ici.

 

Jeudi 28 septembre

       Poésie rétive.

 

Samedi 23 septembre

On trouve mes livres n’importe où (même ceux dont le tirage est officiellement épuisé).

 

Dimanche 10 septembre

       Parler de ce que j’ai vu hier soir. Je vais essayer. La seconde critique théâtrale de ce blog :

 

Elles. Et nous. Elles, « les folles d’enfer ». On s’en occupe à la Salpêtrière, sous Louis XIV, sous Louis XV, sous Louis XVI, sous Napoléon… jusqu’à Charcot, fin XIXe. On s’en occupe des folles, on les classe, on les parque, on les dresse, on les punit. Pour leur bien, toujours pour leur bien. On ne fait pas n’importe quoi avec elles. On les répertorie. On leur applique les remèdes appropriés… pour l’époque (des saignées aux mutilations pures et simples). Le temps passe, le Progrès avance partout. Jusqu’à la Salpêtrière. Jusqu’aux folles. Elles aussi voient leur sort progresser, leurs chaînes être remplacées par… des camisoles. Elles continuent de battre la campagne, enfermées. Mises en lieu sûr (mais sûr pour qui ?).

Elles. Mâkhi Xenakis leur a consacré un texte, à « elles ». Aux « folles d’enfer ». « Pas un texte de théâtre, mais (…) un texte pour le théâtre », et c’est bien ce dont s’est persuadé Christian Nadin, le metteur en scène. Reste que l’entreprise s’annonçait délicate. Pour ne pas dire casse-gueule.

Au terme d’un long travail avec ses deux comédiens (Bernard Gerland et Hélène Saïd, LE médecin et sa patiente au travers des âges), Nadin est parvenu à éviter les écueils qui menaçaient sa création. 

On peut parler des « Folles d’enfer » comme de « la mise en théâtre d’une mémoire oubliée », on n’y trouvera aucune trace de surenchère mémorielle. Nadin ne joue ni la carte de l’émotion facile, ni celle d’un quelconque intellectualisme.

Nadin signe un travail intelligent au sens de « précis ». Cette exactitude, il y était tenu sous peine de voir « Les folles d’enfer » foncer dans ce mur qu’embrassent trop facilement les spectacles engagés. Nadin ne dénonce pas, il donne à voir et à entendre des témoignages qui relèvent de l’inouï. Et au final, il fait confiance à ses comédiens. Il peut. Il sait les faiblesses qui font leur force.

Bernard Gerland. Comédien. Terrien. La gravité et sa loi, sans la lourdeur. Capable d’incarner l’homme dans toute sa richesse et ses contradictions, même quand il se fait le porte-voix d’une médecine inhumaine. Surtout quand il tient le mauvais rôle. « Tenir », un verbe qui sied à merveille à Bernard Gerland.

Si « Les folles d’enfer » est une mise en théâtre bel et bien hantée, elle n’a rien de morbide. La métamorphose incessante d’Hélène Saïd frappe d’autant plus que jamais, à aucun moment, elle ne fait la folle. Elle ne joue pas pour Zulawski ou pour Ken Russel. Elle joue pour Christian Nadin. Elle joue pour nous. Elle déménage… sans bouger, ou presque. Elle n’est pas seule dans sa folie. À tout moment, des consœurs peuvent apparaître… au bout de ses mains, marionnettes plus-que-marionnettes.

Aux yeux du spectateur, rien de plus lassant que la folie jouée. Rien de plus fascinant que l’extrême-autre incarné avec sobriété par Hélène Saïd.

 

Vendredi 8 septembre

J’ai dit littérature, ils ont répondu gestion-commerce. Pas assez douée pour la voie littéraire, il aurait fallu redoubler mais les parents ne veulent pas le redoublement puisque ce n’est pas obligé.

Préparer un bac pour une fille d’ouvrier, c’est déjà bien et puis gestion-commerce, ça fait sérieux. On dirait presque un métier. 

Et je me laisse convaincre. Aimer lire Kerouac et Miller ne fait pas de moi une littéraire. Trop de fautes dans mes dissertations. C’est inscrit au stylo rouge dans la marge : « des idées, certes, mais que de fautes ! » 

« GAGNER SA VIE » de Fabienne SWIATLY, éditions de la Fosse aux ours

 

Mardi 5 septembre

R de jeu.

 

Dimanche 3 septembre

« L’essentiel de la biographie d’un écrivain consiste dans la liste des livres qu’il a lus »

Valery Larbaud

 

Vendredi 1ier septembre

Quelque soit les représailles que je doive essuyer après un pareil aveu, disons-le : je suis entré en maçonnerie. Je veux parler de la Ligue des Lugduniens Extraordinaires. Je lui prête l’intention de devenir la plus connue des sociétés secrètes. On verra bien…

Deux noms à balancer : les sieurs Alexis Nevil et Markus Leicht

 

Lundi 28 août

« Je dormis mal. A plusieurs reprises, je rêvai que je rêvais. Or – c’est une observation d’Edgard Poe – quand on soupçonne que l’on rêve, on se réveille presque aussitôt. »

Jules Verne, « Le sphinx des glaces »

 

Samedi 19 août

Jamais pris des poses « situ », et pour cause… Quand j’ai découvert Debord, il avait été déjà bien récupéré (détail rigolo : à 16 ans, je croyais que lui et Manchette ne formait qu’un seul et même bonhomme !).

C’est donc sur le tard que je m’invite chez Guy D. (qui a « Guy D. » combien de personnes ?) pour creuser sa moquette. Et voilà que je découvre ses notes sur l’immigration. Ça fait très, très mal.

Pour se soigner après une telle lecture, faites rouler souris et yeux vers les sites de Virginie Poitrasson et de Marie-Ange Sebasti.

Je descends en bas de chez moi, re-lire le re-cueil de l’une de ces poétesses au pied d’un toboggan digne du Couloir de la Chimie.

 

Vendredi 18 août

       Au début de cet été, on m’a offert un clic-clac numérique et j’apprends à m’en servir.

 

Jeudi 17 août

       Alice Pelaudeix et Bertrand Louis me tirent le(s) portrait(s) à la page « Contact et textes à lire » (cliquez sur le bon signet puis faites défiler).

 

Début août

Huit ans après, il était temps de retourner en Bretagne.

Une semaine dans le Morbihan, avec une parenthèse Brestoise de 24 heures, le jour de mon anniversaire. Dans cette ville attachante mais dont le moins que l’on puisse dire est que ses rues ne puent pas l’argent, je me suis attaché les services d’un très bon guide : Renaud.

Attention, portrait ! Après « L’homme de l’Atlantide », après « L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux », voici « L’homme qui nageait au milieu des sous-marins » !!! Pour ceux qui m’accuseraient d’irresponsabilité après avoir lu le paragraphe suivant, qu’ils sachent que décrire une pratique n’est pas forcément l’encourager, que Renaud est écrivain (ce qui n’excuse pas tout, certes, mais bon…),etc., etc.

Donc, bref, en résumé, Renaud me retrouve à Brest, non loin de deux voitures garées, d’une poubelle, et d’un feu de la circulation (pour préciser). Il me fait faire le grand tour, de la loooongue rue de Siam à la peinture giganto-murale de Paul Bloas (puis-je parler d’une fresque alors qu’elle ne comporte qu’un personnage ?).

On descend de voiture, on marche, on remonte dans la voiture, on roule, on redescend de voiture, on sort les grappins, on escalade le château de la ville, on re-remonte dans la voiture, on redémarre le plus vite qu’on peut, on baisse la vitre à cause de la vitre arrière qui vole sous les impacts, etc.

Arrive le moment où Renaud me montre, non sans fierté, SA base de sous-marins. Je ne le vois pas venir. Il prend soin de me préciser pourtant :

-         C’est là que je me fais plaisir. Ce sont les eaux les plus surveillées de la Rade. 

-         Et ?

-         Et quand je suis satisfait d’un chapitre que je viens d’écrire, c’est ici que je me récompense.

À peine a-t-il fini sa phrase que le voilà en maillot de bain (la transformation vestimentaire est digne de Fregoli). Et plouf ! Au milieu de tant de béton, de militaires et d’alarmes de toutes sortes, Mister Renaud nage. Je laisse faire. J’ai passé l’âge de suivre mes amis dans leurs folies. Est-ce que je me ruine en publiant de la poésie comme Éric ? Est-ce que j’essaye de survivre à la Duchère comme d’autres ? Sûrement pas !

Pendant ce temps, Renaud est tout à ses jeux d’eau : et que je saute au dessus de la surface pour tenter un double salto, et que je recrache de la flotte par la bouche pour lâcher un geyser d’un mètre de haut, et que je jongle avec un bidon retrouvé flottant entre deux eaux… Pas l’ombre d’une mitraillette n’a encore pointé le bout de son nez (je m’améliore, du côté des métaphores) au dessus d’un muret de béton.

C’est alors que j’aperçois une masse énorme qui se déplace dans la mer (spontanément, je pense plus à un énorme « étron » qu’à un cétacé). J’ai beau crier sur la rive, tout faire pour alerter Renaud, celui-ci ne prête aucune attention à mes avertissements. Quand il sent le sous-marin lui effleurer la plante des pieds, il avale une grande bouffée d’air avant de se laisser couler.

Je m’agite sur la plage, commence à courir de droite et de gauche, bouscule quelques marins joggeurs…

Je vois réapparaître Renaud un peu plus loin. Il caresse la coque du sous-marin, tandis que l’eau a pris une jolie couleur rouille. Ô vision Homérique (Homéresque ?).

Je n’ai pas entendu les militaires m’encercler, l’arme au poing.

-         Le gars qui fait le con dans l’eau, là, c’est votre ami ?

-         Heu… Oui, c’est un ami. Il est écrivain, mais pas seulement, il est aussi directeur de collection, et… je peux pas lui dire ce qu’il doit faire ou pas faire, vous comprenez ?

-         Ça lui prend souvent ?

-         Quand il est très satisfait de lui. Mais il est super exigeant quant à ce qu’il écrit.

Quelques heures plus tard, seul, je me remets de mes émotions dans le train pour Auray. Je me réjouis de ne pas avoir pris mon nouvel appareil photo numérique Polaroïd 2500X. Ce blog n’aurait pas supporté certaines images.

Conclusion (provisoire ?) : ce n’est pas parce qu’on est un spécialiste international des lutins, ou que l’on a prouvé que Ron Hubbard était Témoin de Jéhovah, que l’on doit se permettre d’embêter notre Marine Nationale. À bon entendeur…

 

Vendredi 30 juin

Je m’interroge sur la nécessité de poursuivre ce blog. Ce n’est pas tant par rapport à ce qui y figure déjà que par rapport à ce que je n’y mentionne pas. Je n’ai jamais prétendu tout dire… Mais aujourd’hui ?

Un lien vers une vidéo relatant ma lecture (im)mobile, voir note du 17 mai.

Autrement ? Je relis ce blog. J’élague, j’élague pas ? Je décide de ne pas virer la citation d’Olivier Py en date du 24 février, malgré sa prise de position écœurante dans l’affaire Handke. Ce n’est pourtant pas l’envie de censurer les inquisiteurs qui me manque… Je préfère me souvenir de ma découverte de « La servante », la première pièce de Py que j’ai lue.

Handke. Une phrase de lui : « Ecrire, c’est être attentif à la manière dont on vit. »

 

Lundi 5 juin

Retour à la Demeure du Chaos dix mois plus tard (voir ce journal à la date du 11 juillet 2005).

Ce dimanche était journée portes ouvertes, bref, au lieu de découvrir le lieu en (tout) petit comité, me voilà au milieu d’une foule… familiale. Et c’est bien la première fois qu’une pareille ambiance ne m’oppresse pas (je parle de l'ambiance familiale). Je reste étonné de voir que même les bureaux du groupe Serveur sont accessibles au grand public (je renverse sans le faire exprès quelques dossiers fourrés à la hâte derrière une chaise). 

Vendredi prochain sera une journée décisive. Vendredi, tous à 13h30, au palais des 24 colonnes (Place Paul Duquaire) !

 

Samedi 3 juin

C’est signé de la sœur de Nietzsche, championne toute catégorie de la trahison, qui n’a pas hésité à offrir la canne de Friedrich à Hitler !

« À cette époque, il a écrit quelques pages où, en d’étranges fantaisies, se mêlent la légende de Dionysos-Zagreus, la passion des Évangiles et ses contemporains les plus proches : le dieu déchiré par ses ennemis erre, ressuscité, sur les rives du Pô, et voit alors tout ce qu’il a jamais aimé, ses idéaux, les idéaux du temps présent en général, loin au-dessous de lui. Ses amis et ses proches sont devenus ses ennemis qui l’ont mis en pièces. Ces pages sont dirigées contre Richard Wagner, Schopenhauer, Bismarck, ses plus proches amis : le professeur Overbeck, Peter Gast, Madame Cosima, mon mari, ma mère et moi… Même dans ces pages, il y a des passages d’une beauté saisissante, mais dans l’ensemble elles se caractérisent par un délire maladif. Dans les premières années de la maladie de mon frère, lorsque nous nourrissions encore l’espoir trompeur qu’il pourrait guérir un jour, ces feuilles ont été en grande partie détruites. Le cœur aimant et le bon goût de mon frère auraient été trop gravement blessés si de telles notations lui étaient un jour tombées sous les yeux. »

 

Mercredi 31 mai

Cartographie éditoriale.

Renaud pointe le doigt au bon endroit, là où ça fait mal. Oui, « VOUS ÊTES ICI, NOUS EN SOMMES BIEN LÀ ».

 

 Mardi 30 mai

        Cet été, je devrais passer quelques jours en Bretagne (Renaud, y es-tu ?). Détour obligé par le Havre où le sculpteur québécois Michel Goulet vient de faire aboutir son projet « Voix-Voies » pour lequel il m’a demandé deux textes très brefs à percer dans ses fameuses chaises (les lyonnais peuvent déjà découvrir son travail au belvédère Abbé Larue… voir l’image).

        De nombreux poètes québécois ont été sollicités par Michel Goulet pour ce projet. Merci à Luc Larochelle qui a soufflé mon nom quand il s’est agi de donner une, voire même deux chaises à un poète français.

 

Jeudi 18 mai

       Dommage pour les lyonnais(es) qui ont raté la rencontre avec Fabrice Melquiot à la bibliothèque de La-Part-Dieu.

Question : les effets secondaires d’une pareille rencontre durent combien de temps ?

 

Mercredi 17 mai

Lecture (im)mobile avec le bureau des (h)auteurs. J’avais deux contraintes : le sujet du texte à écrire (« c’est ma femme qui décide »), et le lieu de la lecture à voix haute : dans ma voiture !

Deux jours plus tôt, lors d’une expérience spirituelle intense, j’avais ouvert les yeux sur cette terrible vérité : je partage avec François Hollande les mêmes initiales !

Fort de cette découverte, j’ai écrit un texte dans lequel j’incarne François Hollande… en train de donner sa première leçon de conduite à sa très chère Ségolène. Ce soir, j’ai joué ce texte. Une trentaine de personnes se sont succédées dans ma voiture. À chaque lecture, une Ségolène différente à mes côtés. Mon seul regret : n’avoir accueilli aucun élu dans ma caisse. Je me serais fait encore plus mordant.

Pour finir, Judith, Leïla, Pierre et moi-même avons partagé la même voiture pour partager nos textes, entre (h)auteurs.

 

Dimanche 14 mai

       Animation à l’Aleph de mon atelier « Un lieu, un écrit ». Une belle journée… pour tout le monde, je crois.

 

Samedi 13 mai

       Ce n’est pas la première fois que l’on me refuse un manuscrit. Ce n’est pas la première fois qu’un ami me refuse un manuscrit (c’est déjà arrivé avec Pierre-Jean de « La Fosse aux ours », ou avec Renaud… et cela n’a jamais compromis nos amitiés, car à chaque fois, j’avais droit à un véritable retour sur mon texte, le plus souvent pertinent, etc.).

       Hier, un ami m’a refusé un manuscrit par le biais d’un courriel de trois lignes. La sécheresse de cette réponse (Internet n’arrange rien, de ce côté-là) m’a littéralement coupé les jambes. Je vais attendre que cet ami soit de retour sur Lyon, la semaine prochaine (il habite à 300 mètres à vol d’oiseau de chez moi !), pour lui faire part de mon impression. Ne surtout pas répondre par courriel à mon tour.

 

Jeudi 4 mai 2006

       J’ai déniché les « Écrits corsaires » de Pasolini chez un bouquiniste. À trois euros. Et je ne les ai pas achetés. Je suis un con.

Pour me consoler, je viens de trouver le blog de Fabrice Melquiot.

Pendant ce temps là, Peter Handke est censuré au nom des droits de l’homme et de l’humanisme. On vit une époque formidable. Woody Allen disait que « La dictature pour un artiste, c’est ferme ta gueule, et la démocratie, c’est cause toujours ». On voit vers quoi s’oriente notre société. Demain, elle sera bien propre sur elle et elle puera.

Elfriede Jelinek (Prix Nobel de littérature il y a  deux ans) se dit « horrifiée » par la décision de Monsieur Bozonnet, administrateur de la Comédie Française. Il y a de quoi.

 

Samedi 29 avril

Le week-end dernier, j’ai participé à un marathon d’écriture d’une durée de 42 heures. Un texte inédit ici.

 

Samedi 15 avril

       Fabienne nous parle de Grisélidis.

 

Mercredi 5 avril

Un message dégueulasse sur mon forum (« Ago-ago » daté du 31 mars) que je n’ai pas souhaité effacer. J’ai bien fait, la réponse exemplaire du sieur RV n’a pas tardé.

 
Mardi 4 avril

       Les canuts de l’édition existent. Ils bossent sur mon plateau de la Croix-Rousse bien sûr.

 

Mercredi 29 mars

Ce week-end, à Lyon, se tient la seconde édition du festival « Quais du polar ». Rien à rajouter à mon texte daté du 3 avril 2005 concernant les coulisses de ce festival. Et aujourd’hui, je trouve dans Lyon-Capitale ce remarquable article signé Anne-Caroline Jambaud.

 

« LA MEMOIRE COURTE

      Dès sa 2e édition, le festival Quais du polar débaptise le Prix Agostino. Dégonflés !

 

L’an dernier, le festival Quais du polar avait décidé de décerner un prix du polar baptisé prix Albert Agostino parmi une sélection de polars édités. À l’époque, on avait un peu râlé, arguant que l’anar Ago aurait sans doute  pesté qu’on colle son nom sur des produits d’édition bien calibrés et sans doute un peu trop propres sur eux. Mais bon, un an après sa mort, c’était une manière d’hommage, et ça fait toujours un peu chaud au cœur.

Et puis c’est dans l’esprit gouailleur et querelleur d’Ago, journaliste claironneur, que l’idée même de ce festival est née. C’était en 2003, lors de la pose de la plaque Frédéric Dard à la Croix-Rousse, pendant une discussion entre amateurs éclairés de polar. Le cabinet du maire Gérard Collomb s’était alors saisi de l’idée de célébrer ce genre populaire, un brin anar et plutôt de gauche. Malheureusement, l’équipe de Quais du polar avait fini par liguer contre l’événement les polardeux de la ville qui, c’est vrai, ne sont pas des faciles.

Aujourd’hui, elle lâche aussi Agostino : dès la 2e édition, le prix est débaptisé. Le nom d’Albert Agostino effacé. Le prix s’intitule désormais « prix Quais du polar ». Pure démarche marketing : le festival a besoin d’attacher son nom au lauréat, de développer sa « marque ». On parle de « basculer » le prix Albert Agostino sur le lauréat du concours de la meilleure nouvelle, mais il n’en est fait mention nulle part. Et puis, ironie du sort, cette nouvelle sera publiée dans le quotidien gratuit « 20 minutes », alors qu’Ago vendait son canard au prix fort, celui de son indépendance.

La Ville de Lyon a donc l’hommage bref et la mémoire courte. Ago était pourtant un fidèle. Fidèle aussi à la ville de Lyon qu’il a beaucoup détesté parce que tant aimé.

A-C Jambaud »

 

Vendredi 24 mars

       Ma (charmante) voisine m’a informé que, d’après la Fnac.com, mes ouvrages publiés à la Passe du Vent (en tout cas « La grande érosion ») seraient « épuisés ». Il n’en est rien, bien évidemment. La Passe du Vent a récemment changé de distributeur et, pour la Fnac.com, c’est beaucoup plus simple de déclarer les ouvrages « épuisés ». Aller chez son libraire préféré et passer commande, cela reste une solution.

 

Mardi 21 mars

       Printemps. Et pluie sur Thonon-les-bains où je co-anime un atelier en compagnie du musicien Stéphane Lam (« irrésumable », tel est l’adjectif qui lui conviendrait le mieux).

       Le portable contre mon oreille, sur le bord d’un lac qui a enfin décidé à se montrer après un épisode nocturne et un autre brouillardeux, j’apprends la fin de mon aventure avec Lyon-Capitale. Il me reste quatre « Fantaisies urbaines » sur les bras. Je vous livre celle-ci :

 

PLACARD SEDITIEUX

 

Quand le lyonnais Henri Béraud (prix Goncourt en 1922, condamné au bagne vingt-trois ans plus tard) s’est baladé Place Bellecour pour écrire sa « Promenade autour du cheval de bronze », il n’a guère évoqué le Mac Do où je rédige ces lignes. On lui pardonnera cet oubli.

Dans ce lieu saturé de graisse et de sucre, borné WIFI jusque dans les toilettes, je me livre à la moins branchée des activités. Je me fais du bien. Je bouquine quelques travaux d’historiens, en parfait autodidacte. Je complète ma cartouchière, tandis qu’au dehors croissent l’arrogance des puissants et le ressentiment des sans-grades. Je finis mon menu XL en apprenant qu’à la Libération, chaque lyonnais avait perdu en moyenne dix kilos. Je découvre qu’à d’autres époques fleurissaient sur les murs de Lyon des « placards séditieux » signés « Le Povre » (sic). Je note ce genre de détails, m’amuse à lister ceux de mes contemporains qui mériteraient de se prendre ce genre de placard en pleine figure.

Je vais débarrasser mon plateau, retourne à ma place, à ma lecture et à mes « joyeurs d’espée ». J’apprends qu’en 1909 un des employés de l’usine Berliet de Monplaisir s’appelait Jules Bonnot. J’espère qu’à SEB, quelqu’un lira ces lignes.

Mes voisines de table causent de la grippe aviaire et de l’Ain tout en dévorant leurs chicken nuggets. Je continue de me piquer avec la plume de quelques érudits.

Jean Butin(1) a fait un énorme travail pour moi. Il a constaté que, sur les centaines de rues lyonnaises, quatorze d’entre elles perpétuent le souvenir d’une femme. Pas vingt, pas quinze, quatorze ! « 3 religieuses, 6 bienfaitrices, 3 résistantes, une aviatrice, et… Juliette Récamier ». Gageons qu’avec une Ségolène Royal en tête des sondages, les Collombophiles rééquilibreront la balance (mais que l’on ne compte pas sur eux pour donner à une rue le nom de l’écrivain mentionné en début de cette Fantaisie).

L’ami Gnafr’ me rejoint, les doigts pleins de ketchup lors même qu’il n’a pas attaqué son Big Mac. Il me tient un discours que je résumerai d’un « Pas de Vélo’v pour la banlieue, bien fait pour vos gueules les pauvres ». Contrairement à lui, je doute que la frustration occasionnée provoque une nouvelle « Grande Rebeyne » (du nom de l’un des plus importants soulèvements populaires qu’ait connu la ville).

Gnafr’ me tend un exemplaire du Progrès. À l’intérieur, une interview de Gérard Collomb où il est dit qu’il se Pradélise sans que cela fasse sourciller l’intéressé. Gérard tient plutôt la forme. Philippe Muray est mort. Lyon-Capitale vient de sauver sa peau. La roue tourne. Nous vivons à une époque où les duels sont interdits et les menus XXL autorisés. Préparons-nous à une grande opération de « Vivre ensemble ». 

                   

(1) « Ces lyonnaises qui ont marqué leur temps », éditions ELAH

 

Mardi 14 mars

Si les photos du 24 janvier ne vous ont pas suffi, voici le reportage télé.

Rien à voir : un lien obligé dont je nourris mon blog avec beaucoup de retard.

 

Mercredi 8 mars

Ma grand-mère gît en terre picarde. Aux côtés de mon grand-père, parti quarante ans plus tôt.

Lors de l’enterrement, j’ai fixé la terre (grasse, sombre, sans doute très riche) comme jamais je ne l’ai fait.

La présence de cette terre était hallucinante.

 

Jeudi 2 mars

       ATELIÉ D’ÈKRITUR (2)

 

dans le blockhaus

les profs se teignent

les cheveux

en rouge

elles en éclaboussent

les copies

qu’elles corrigent

les élèves se rongent

les ongles

mordent

leurs stylos

lèvent

un doigt

jusqu’à leur nez

lisent

le journal

gratuit

ne lisent pas

les manuels

scolaires

ne lisent pas

tout court

 

Mercredi 1ier mars

       « Expliquons-nous.

       La poésie régulière, en effet, est finie. Elle s’est accomplie avec Victor Hugo, à qui nous sommes en droit de joindre un aileron sulfureux, Baudelaire, et un bouton de diamant, Mallarmé. Nous avons là un épilogue historique daté. La forme fixe s’est consommée à sa cote la plus élevée. Il est désormais impossible de rejoindre cette altitude évanouie. Pour toute perspective, la forme fixe n’a, depuis cent ans, que sa décroissance. Occupe-toi de ton minimum. Sans aucune intention moqueuse ou paradoxale je constate qu’elle ne vit que dans la chanson et qu’elle a Charles Trénet, Léo Ferré, Claude Nougaro pour ses plus solides amants. »

       Audiberti, Dimanche m’attend

 

Mardi 28 février

CERTITUDES

(atelier d’écriture 1)

 

je suis debout

ils sont assis

c’est moi l’écrivain

mais c’est eux qui écrivent

c’est eux qui se perdent

au pays de Neverland

m’entendent-ils citer

Rimbaud

Flaubert

Bruce Lee ?

m’entendent-ils trop parler ?

est-ce que je les gêne

à marcher de long en large

à les inviter à ceci

à les mettre en garde contre cela 

à prétendre sentir la pente de leur écriture

malgré ma sinusite chronique ?

est-ce que ma voix

mon corps

les gênent pour écrire ?

est-ce l’inverse qui se produit ?

est-ce le fait qu’ils écrivent

qui m’anime ?

je ne verrai pas la fin de tout cela

personne ne la verra

le guidon nous sort de la tête

et nous chargeons sur une route

avec laquelle nous finissons

par nous confondre

 

Vendredi 24 février

« Nous avons remplacé le sublime par l’art au nom du sublime. Nous avons remplacé l’art par de la culture au nom de l’art. Nous avons remplacé la culture par du culturel au nom de la culture. Nous avons remplacé le culturel par de la communication au nom du culturel. Nous avons remplacé la communication par une tombola au nom de la communication. Et nous avons remplacé la tombola par la tombola et la tombola par une tombola et la pensée et la démocratie et le désir par une tombola démocrate, une tombola bien pensante et une tombola désirante. »

Olivier Py, Epître aux jeunes acteurs pour que la parole soit rendue à la parole (Actes Sud)

 
Jeudi 23 février

       Je viens de découvrir que l’ami Léon, taxi driver à Montréal, reconduit son blog  depuis quelques mois. Suivez le guide… je sais ce que je lui dois. Lors de ma résidence d’auteur à Montréal il y a 3 ans, Léon m’a fait découvrir quantité de coins et… d’auteurs (il est également l’un des meilleurs lecteurs que j’ai rencontrés à ce jour).

 
Mercredi 15 février

Je jure que je n’y suis pour rien !

 

Vendredi 27 janvier

       « Les directeurs de théâtre, les journalistes, les peintres, les chefs d’orchestre, peuvent tout à leur aise agiter leurs engagements, leur porte-plume, leur palette et leur bâton, la bourgeoisie lyonnaise s’en fiche un peu, pourvu que fleurisse l’inventaire, que l’associé soit roulé, que la fille épouse un fabricant et le fils ne tombe que des femmes mariées. »

       Henri Béraud (en octobre 1913 !).

Toujours sur Béraud, ce portrait signé par son ami Marius Mermillon (et trouvé dans l’ouvrage « Une histoire de peinture », éditions Stéphane Bachès) :

       «  Chaque ville détient ses personnages falots et glorieux, risibles et haïssables, des Barrès professeurs, des Mandel conseillers municipaux, des Maurice Rostand poètes, des Georges Boy croque-morts, des bonhommes médaillés, galonnés, plaqués, dorés, vernis et tabous pour les citoyens.

Béraud, de tempérament excitable, dressa un catalogue de ces pingouins lyonnais et les appela un par un, en combats singuliers. Mais il avait double muscle et cognait sur des toquards. Ses adversaires prenaient figure de victimes. Pour corser le jeu, il résolut de cantinelliser son public tout entier. Il l’invita à une conférence : les Lyonnais considérés comme un jeu de massacre, et il en annonça une seconde : cafards et cloportes, essai sur la générosité, la cordialité et la franchise lyonnaise. Le public vint et se divertit, sans se fâcher, une rigolade de bonne compagnie, discrète sous les mouchoirs. Cela faisait dans la salle un bruit de petites bêtes écrasées.

Il y avait de quoi dégoûter un belluaire vindicatif, balayeur d’écurie. Béraud, dégoûté, partit, fit la guerre et ne revint pas à Lyon. A Paris, il mit bas la veste, enfila les gants de quatre onces et reprit son entraînement.

(…) Il a distribué quelques rudes horions. Ici même nous l’avons vu pocher l’œil de Mr Gide, et le temps de compter neuf lignes, on emporte sur un brancard les restes flasques de Mr Suarès. Pareille infortune échoit rarement à ses messieurs. Espérons qu’elle se renouvellera. De Lyon, ses amis suivent les matches. Mon vieux, dit le journaliste qui tire un illustré de sa poche. J’ai vu sa photo en tenue de combat. On écarte les verres, les têtes se penchent sur le papier. L’esthète est en garde. Un monocle tache la vaste rondeur des joues. Mèches raides et sourcils crispés, son regard vise la scène où doit naître et mourir quelque pièce de Francis de Croisset. Il médite un brutal direct du corps. Est-ce bien lui ?

Ils le reconnaissent mal. Béraud ne leur apparaît point tel, lorsque entre deux trains, évadé de Paris, de retour d’Irlande, d’Italie ou d’Orient, il vient prendre place toute une soirée à la vieille table. Alors cette moue s’épanouit en un large sourire, ses pommettes roulent dans cette face de caoutchouc en mille expressions de bonne humeur et de jovialité. Car il n’est pas de ces jeunes premiers au profil anguleux qui perdent leur personnalité s’ils sourient ou baissent la paupière. »

 

Mercredi 25 janvier

       TRIOMPHE INTIME

 

nous posons pour un peintre

dont l’atelier disparaîtra dans un incendie

pour un photographe qui a oublié

de charger son appareil

pour un voyeur amnésique

pour une caméra reliée

à un centre de contrôle

où tout le monde

même le chien

fait la sieste

 

Mardi 24 janvier

       Le « Bureau des (h)auteurs » était au grand complet pour toute une soirée de déambulation poétique dans une barre H.L.M de La Duchère. Judith, Valérie et Stéphanie étaient belles. Les garçons ont fait ce qu’ils pouvaient.

      

Dans l’encadrure de la porte, Judith Lesur et Patrick Dubost.

      

Pour ma part, j’ai commis une lecture en salle de bain (en guide de rideau de théâtre, un rideau de douche) suivie d’une autre dans un ascenseur.

      

Pour plus de photos, voir ici.

 

Mardi 17 janvier

       Merci à Georges qui a déterré quelques liens jusqu’à mes « Fantaisies urbaines ».

       Les voici (les non-lyonnais peuvent s’abstenir, sans vouloir fâcher mes amis bretons, parisiens, belges…) :

Une matinée de Gérard Collomb.

 

Saint-Paul & Joseph

 

Icônes X-Rousiennes

 

Éloge de Rivalta

 

Braillements

 

Greg le Millionnaire rattrape les balles

 

Des chauffards notablement connus

 

Panique aux terreaux

 

Pudeur lyonnaise

 

Safari dans le sixième

 

Papier mâché

 

Ma vie dangereuse

 

Premières Guinguettes

 

Le feuilleton Gérin (1)

 

Jeudi 12 janvier 

       Découvert le premier recueil de nouvelles d’Emmanuelle Urien, jeune auteur très doué. Ma note de lecture :

« COURT, NOIR, SANS SUCRE

Recueil de nouvelles de Emmanuelle Urien

 

Il en faut peu à Emmanuelle Urien. Donnez-lui… une femme sur le départ, ou un garçonnet intrigué par le jardin de son voisin, ou encore un soldat de retour d’une guerre… et faites confiance à l’auteur, à sa science des détails, à l’extrême précision de son style, pour ouvrir devant vous tout un monde menacé par le chaos. Autant de situations quotidiennes, connues, faussement posées, autant de nouvelles dégoupillées, prêtes à...

Emmanuelle Urien sait placer les charges aux bons endroits, et en toute discrétion. L’air de rien.

Le cadre de l’histoire est-il domestique ? La sauvagerie peut y surgir, en tout cas l’auteur vous le fera croire/craindre. Dans la plupart de ses nouvelles, il laisse s’exprimer un personnage (« J’étais devenu un vilain défaut à moi tout seul »). Mais quel que soit le procédé narratif qu’il a adopté, on peut être certains que l’auteur nous rendra vivants et proches les protagonistes de son histoire, que leur sort nous importera… et que la fin de la nouvelle ne nous laissera pas indemne. Ses phrases sont à fragmentation.

Parler de ce recueil, c’est avant tout parler d’écriture. De style. Tant pis pour les amateurs de « Si vous avez raté le début… », il leur reste la possibilité de s’abonner à Télé 7 Jours.

Le style, donc. Facile de l’évoquer, il suffit de rappeler la généalogie d’Emmanuelle Urien. Pascal Garnier et Annie Saumont ont eu une fille… et ils ne lui ont refilé que leurs qualités.

Premier cliché : il paraît que la nouvelle est LE genre le plus difficile. Peut-être. On s’en fout. Ce qui est certain, c’est que Emmanuelle Urien y excelle (malgré les innombrables concours auxquels elle a participé… victorieusement la plupart du temps).

Second cliché : il y aurait une écriture masculine et une écriture féminine. Comment évacuer ce genre de concept merdique ? En lisant ce recueil par exemple. Qui remet illico les pendules à l’heure. Il y a les bons auteurs, et les autres. Emmanuelle Urien est un(e) très bon auteur(e)1. Tout ce qu’elle écrit s’impose avec une douce évidence. On appelle cela l’art de la cruauté. E.Urien vous campe un personnage, une situation en deux lignes : « Pauline fredonne, la mer qu’on voit danser, un air d’un autre âge que le sien, elle n’a pas trente ans mais c’est vrai qu’elle fait plus. ». E.Urien, elle aussi, a la trentaine, et la maîtrise d’écriture qu’elle démontre ne laisse pas de nous impressionner. Quelques mots lui suffisent pour décrire un hôpital de brousse, « baraquement de tôles brûlantes qui ne désemplit pas, où la mort libère plus de lits que la guérison ».

Vous trouvez mes extraits un peu courts ? Voici comment l’auteur ouvre l’une de ses histoires :

« Je ne vois pas de hache. Ce n’est pas non plus un couteau qu’elle tiendrait caché sous l’étoffe. Ce n’est pas un poinçon, pas un poignard, pas une dague. Pas d’arme blanche, rien d’aiguisé, de pointu, de tranchant. Rien d’aussi froid que du métal, je le jure. S’il y a eu un éclat, si la lumière s’est éprise de sa main, c’est qu’elle a aimé la laque sur son ongle, l’opaline ou la nacre accrochée à son poignet, ou même sur le fil d’or cousu sur sa manche et courant le long du bras. »

Suit une nouvelle ronde de bourreaux et de victimes qu’Emmanuelle Urien orchestre de main de maître. Il est rare de trouver autant d’élégance dans des textes aussi noirs (E.Urien, de son vrai nom Emmanuelle Garnier-Saumont rappelons-le, n’a aucun mérite, c’est génétique).

J’ai lu le recueil d’Emmanuelle Urien, et j’ai été un lecteur heureux. Ensuite, j’ai relu mon dernier manuscrit, et j’ai réussi à couper l’équivalent de deux pages. Comme disait ma grand-mère, « l’émulsion, y’a que ça… ». Je suis un auteur heureux. »

                                                                                                     Frédérick Houdaer 

 

1 : Les « e » entre parenthèses, c’est pour faire plaisir à mes amis québécois

 

« Court, noir, sans sucre »

publié aux éditions de « L’être minuscule »,

2 place Georges Pompidou 93160 Noisy-le-Grand

124 pages, 11 €

ISBN 2 9525713 0 9

 

Mardi 10 janvier 

Pour les non-lyonnais qui prennent le train en marche et trouvent l’histoire « Lyon-Capitale vs Gérard Collomb » très compliquée, je copie-colle cet article paru dans « LE CANARD ENCHAÎNE » du 4 janvier 2006 :

« UN JOURNAL VICTIME D’UNE CRISE DE MAIRE

       Ni galette des Rois des retraités ni bal des catherinettes : "Lyon Capitale", pour un journal local, s'intéressait plutôt à la culture. Mais, du haut de ses modestes 15 000 exemplaires, cet hebdo impertinent n'hésitait pas parfois à humer les arrières-cuisines politiques lyonnaises, à mettre son grain de sable dans des engrenages bien huilés : l'alliance entre Charles Millon et le Front national, le job offert par Raymond Barre au bras droit de Michel Giraud, président de la Région Ile-de-France, au moment où les juges fouillaient les dossiers des lycées franciliens, et, plus récemment, les marchés passés par l'actuel maire socialiste de Lyon, Gérard Collomb. Une curiosité que le maire a interprétée comme une manoeuvre inspirée par le candidat de droite à sa succession, Dominique Perben, ministre des Transports.

Dernier incident, "Lyon Cap" publiait, début octobre, les confidences d'un ancien proche de Collomb chargé des appels d'offres publics qui dénonçait des "marchés pipés" dans son dos. C'en était trop. La Ville s'abstient alors de toute pub dans le journal, soit un manque à gagner de 100 000 euros. Les nombreux organismes culturels subventionnés par la mairie et la communauté urbaine sont invités à en faire autant, ainsi que les patrons des grandes sociétés lyonnaises. Loin de nier, Collomb revendique cette action de salubrité.

Le 13 décembre, "Lyon Capitale" consacrait sa une à la perquisition menée par la PJ dans le bureau de Collomb et au siège de plusieurs grandes sociétés. Ce fut son dernier numéro. Depuis, le nouveau propriétaire (qui a racheté le titre au "Progrès" en juillet dernier) a viré le pédégé fondateur ainsi que le rédacteur en chef, et l'ensemble de la rédaction est menacé de se retrouver à l'ANPE. Ces naïfs ont cru que leur journal pouvait être indépendant politiquement alors qu'il dépendait financièrement d'une collectivité locale. Le maire de Lyon n'aime Guignol que lorsqu'il reste une marionnette.

A.G. »

 

Mardi 3 janvier 2006

Lyon-Capitale (episode III)

L’assassinat de Lyon-Capitale se poursuit (voir note du 20 décembre). Ce matin, aucun numéro n’est sorti, la grève a été reprise. Nous avons débarqué dans les bureaux d’Evolem, la société de Bruno Rousset, où Philippe Chaslot, rédacteur en chef du journal, était convoqué pour un entretien de licenciement. Je croyais que les entretiens, c’était pour embaucher quelqu’un…

Caméras de France 3 et de T.L.M étaient présentes. Elles n’empêcheront pas le « nettoyage » de se poursuivre. 

De source sûre, je sais que mes « Fantaisies urbaines » ont été lues par les principaux intéressé(e)s, par les premier(e)s visé(e)s. Je connais la réaction de certain(e)s d’entre eux/elles…

Pour répondre à plusieurs courriels privés envoyés par des auteurs, j’ai deux fois plus de raisons que l’an dernier d’être blacklisté lors de la seconde édition de « Quais du polar ». Je ne vois pas pourquoi ils (les Annie Mesplède et consort) se gêneraient. Voir notes du dimanche 3 avril 2005.

À part cela, petite visite dans les locaux réaménagés de Terrenoire Editions, à l’autre bout du plateau de la Croix-Rousse. Lionel (Tran) et cie ont fait un superbe boulot.

 

Samedi 31 décembre

       Marcel Aymé pour finir l’année :

« - Je commence à comprendre ce que vous appelez confort intellectuel.

-         Ne vous flattez pas. »                              

 

Mardi 20 décembre

Lyon-Capitale (episode II)

 

« Bonjour.

En vous remerciant d'avance pour l'intérêt (et le soutien) porté(s) au manifeste ci-après et en comptant sur votre carnet d'adresses pour le diffuser le plus largement possible.

Salutations.

La Société Des Rédacteurs de Lyon Capitale.


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Manifeste pour le respect de l'indépendance de la presse

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Le journal Lyon Capitale a sorti des enquêtes sur des anomalies dans l'attribution des marchés publics du Grand Lyon.

Depuis lors, des pressions exercées par le maire de Lyon et certains acteurs économiques concernés, ont eu pour but de déstabiliser le journal.

Résultat : l'actionnaire majoritaire de Lyon Capitale, Bruno Rousset, président du groupe April, a limogé Jean-Olivier Arfeuillère, P-dg et fondateur du journal.

Cette éviction s'accompagne de menaces sur les salariés et sur l'avenir du titre.

Nous signataires de cette pétition, déclarons que :

La liberté de la presse est garantie par la législation française et européenne.

Notre démocratie a besoin d'une presse indépendante des pouvoirs quels qu'ils soient.

Il est indispensable que la presse exerce librement des fonctions de contre-pouvoir.


En conséquence,

- Les pressions exercées par le maire de Lyon, élu de la république et à ce titre garant de la démocratie et du pluralisme, sont inacceptables.

- Les tentatives de certains dirigeants économiques pour museler la presse sont inadmissibles.


De telles pratiques sont antirépublicaines et contreviennent gravement à notre conception de la démocratie et de la liberté d'opinion.

Nous soutenons les salariés de Lyon Capitale dans leur lutte pour l'indépendance de la presse.



     Prénom /

     Nom /

     Profession /

     Ville /

     Signature /


___________________________________________

Vous pouvez renvoyer cette pétition signée avec la
mention « bon pour signature » à :
presse.libre@free.fr

___________________________________________

Rendez-vous sur le http://presse.libre.free.fr

 

 

Jeudi 15 décembre

Cela concerne le journal « Lyon-Capitale » dans lequel j’écris chaque semaine avec la plus totale des libertés, et ce depuis trois mois.

 

« LYON-CAPITALE DÉCAPITÉ

 La société des rédacteurs de Lyon Capitale
exige la réintégration de Jean-Olivier Arfeuillère

Ce mardi 13 décembre, le conseil d'administration du journal a révoqué son président-directeur général, Jean-Olivier Arfeuillère, sous des prétextes qui ne trompent personne. Depuis plusieurs semaines, des pressions politico-économiques sont exercées sur Lyon Capitale pour tenter de le déstabiliser (voir le numéro de cette semaine). La rédaction de Lyon Capitale reste solidaire de son PDG-fondateur, qui incarne son esprit de liberté et son indépendance.

Elle exige la réintégration de Jean-Olivier Arfeuillère dans ses fonctions.

La société des rédacteurs de Lyon Capitale (en grève) 
»

 

Pour finir, je vous copie-colle un extrait du dernier Lyon-Cap justement :

« Depuis sa création, notre journal a connu des périodes de déstabilisations. Et nous avons connu trois maires de Lyon. Mais PENDANT NOS 11 ANS D’EXISTENCE, AUCUN MAIRE N’A PORTÉ ATTEINTE À LYON-CAPITALE COMME GERARD COLLOMB AUJOURD’HUI, qui oublie les simples règles de la vie démocratique et du droit de la presse à faire son travail d’information. »

 

Mardi 13 décembre

       Allons bon, voilà que je participe à un nouveau blog !

       Jeudi 15 au soir, retrouvons-nous chez les Ogres Nourris à l’Insouciance Vibrante de l’Art, autrement dit « Onyva » (voir rubrique « actualité »).

 

Vendredi 2 décembre

       « Bienvenue à Palma », le site de l’ami Dominique où l’on retrouve LE plaisir du cinéma. Ou comment glisser « la lettre au voyant » de Rimbaud dans une critique de « Dead zone » !

 

Mercredi 16 novembre

       Ces quinze derniers jours, je n’ai pas changé mes habitudes. Pour cause d’ateliers à animer (entre autres boulots), j’ai passé beaucoup de temps… à Vénissieux et à Saint-Fons par exemple. Que dire de ce que j’y ai vu ? Inviter les personnes qui lisent ces lignes à se reporter à ma note située un peu plus bas, à la date du… 10 octobre !

 

Dimanche 13 novembre

Samedi 12 novembre

Vendredi 11 novembre

En l’espace de trois jours, j’enchaîne deux salons du livre : celui d’Aniche (près de Douai) consacré au polar (des ours, des loups + l’élection de Miss Polar au menu !) et celui de Lyon au milieu de la Place Bellecour et des cordons de C.R.S.

Ces deux rendez-vous m’ont permis de rencontrer en chair et en os Renaud Marhic et Christian Cottet-Emard qui ont l’habitude de hanter ma « toile ».

Vendredi, pour me rendre à Douai, je me suis Tégévé en première classe. Première classe et première fois de ma vie. Et alors ? J’ai dormi. Fauteuils confortables, spacieux, visiblement conçus pour de grosses personnes. Magazine « TGV » à disposition. En Une est annoncé un dossier « Les dessous de l’édition ». Mieux vaut pioncer que d’ouvrir ça.

Quand j’émerge, c’est pour filer au wagon-bar et entendre son tenancier se plaindre :

-         Y’a eu 8 millions de morts pour qu’aujourd’hui, ce soit férié… et bien ça n’a pas suffi, parce qu’aujourd’hui, je dois bosser. »

 

J’ai donc passé 24 heures dans le nord de la France… 24 heures qui m’ont fait du bien (mon père et mon grand-père ne sont-ils pas de Dunkerque ?). Parmi les auteurs invités, j’ai été surpris d’apercevoir Fajardie (je croyais qu’il ne participait plus à ce genre de manifestation).

Ce festival d’Aniche possède bel et bien une âme (et Roger Facon, son organisateur, n’y est pas pour rien). Heureux également d’avoir rencontré l’excellent Pascal Françaix (mince, lui aussi en pince pour Ghelderode, lui aussi est de Aniche comme Roger Facon) et découvert les éditions Octobre derrière lesquelles se cache Pierre Grimbert.

La reine était Audrey Françaix. Aucune Miss Polar ne lui arrivait à la cheville.

Tout de même, de retour en gare de Lyon-Part-Dieu, j’ai aimé retrouver un soleil même timide.

Ce ne sont plus les chantiers d’écriture qui me manquent.

 

Vendredi 14 octobre

       Avec Fabienne et Sylvie, plusieurs mois durant, je suis allé à la prison Saint-Paul. Lire des textes. À voix haute. Aujourd’hui, Fabienne lâche un cri, un texte sur cette expérience.

 

Lundi 10 octobre

-         Qu’est-ce que tu écris en ce moment ?

-         Ben… Des préfaces !

Je finirai comme notre bon maire de Lyon, Edouard Herriot… qui peut se vanter d’être l’auteur de près de 800 préfaces ! Et dans tous les genres ! Ainsi, il a préfacé un bouquin intitulé « Le chauffage électrique », un autre consacré à « Du Pont de Nemours, honnête homme », un troisième évoquant « L'enfer des bêtes (étude documentaire sur la malfaisance envers les animaux) », un « Manuel de transports commerciaux et de douane », etc.

Quelques titres encore, pour la bonne bouche : « Histoire de la boucherie lyonnaise », « L'inlassable effort des Tchéco-slovaques », « Le Kemalisme », « Le petit oeuvre d'amour et gaige d'amytié »,  sans oublier le fameux « Place aux vieux ! » signé du Docteur Bidon (je n’invente rien).

En ce qui me concerne, le bilan est plus modeste. Mais depuis septembre, CINQ livres ont été publiés dont j’ai signé la préface (éditeurs différents, contenus divers…).

Avant de vous parler de ce qui m’a rempli de colère ces derniers jours (la censure de l’un de mes textes), je vous copie-colle l’une de mes préfaces récemment publiées. Elle ouvre le livre « REGARDS SINGULIERS, VOIX PLURIELLES (Paroles de jeunes des Minguettes) » publié aux Editions de la Passe du Vent. Pour être plus précis, pour rajouter un détail piquant, elle suit une première préface signée par André Gérin, le maire communiste de Vénissieux.

 

«  L’ENTRE-DEUX-PAIX

Une à une, les rencontres de Thierry Renard qui jalonnent ce livre. Une à une, les pulsations du cœur du poète. Une à une, les phrases, les bribes de dialogues, les leçons d’intégrité qui circulent entre les protagonistes de ce livre.

N’oublions pas le sens premier du serrement de mains. Montrer que l’on n’a pas d’armes. Ensuite ? Découvrir que chacun a une histoire, et la possibilité de l’assumer, de s’en détacher, de s’y enfermer, c’est selon.

Thierry Renard opère sur le terrain, à vif. Il ne fait pas dans la taxidermie (il lui manque quelques diplômes de sociologie pour cela). Le goupil est un animal injustement décrié. Sa capacité à l’empathie est sans limite. Il sait suspendre son jugement, même quand on lui tient des discours non dénués de moraline. Les jeunes qu’il rencontre, qu’il écoute, ont le mot “ paix ” facile. Certains ont plus souffert d’un conflit familial que de la guerre qui déchirait leur pays d’origine. Il y a les mots de la tribu, les non-dits et les silences de la tribu, les non-pardons de la tribu. Il y a les mots de Thierry Renard qui clarifient et apaisent… Paradoxalement, il faut une grande vivacité au poète pour parvenir à ce résultat.

Le jeune Omar cite, et il fait bien : “ Aime ton ami avec quelques réserves, car il pourrait devenir ton ennemi ; déteste ton ennemi avec quelques réserves car il pourrait devenir ton ami ”.

                                                                  Frédérick Houdaer »

 

Vénissieux, donc. Cela fait des années que je fréquente cette ville. Culturellement, il s’y passe bien plus de choses que dans les cités voisines. L’activité de l’association Pandora n’y est pas pour rien.

À la fin de l’année dernière, j’ai été recruté par l’équipe municipale des « Fêtes Escales ». Ma mission : animer des ateliers d’écriture dans divers endroits de Vénissieux (collège Aragon, usine R.V.I…), et effectuer des lectures poétiques en appartement. Cette dernière expérience était inédite pour moi. Lire chez les gens, entre leur canapé et leur poste de télévision… Cela m’a fait redécouvrir le trac !

Le travail que l’on me demandait s’étalait sur plusieurs mois. Il était payé (une somme forfaitaire), mais il ne s’agissait pas que je compte mes heures.

Les lectures se sont plutôt bien déroulées. Néanmoins, un certain nombre de détails m’a vite sauté aux yeux. Quand je les signalais à Blandine (de Fêtes Escales), elle faisait celle qui n’avait rien entendu ou envoyait la balle en touche. Pour résumer mon impression naissante : je n’étais plus poète depuis belle lurette dans cette affaire, je faisais de l’animation culturelle. Le plus dramatique, c’est l’absence de relais dont nous avons pâti dans les structures/lieux où je suis intervenu pour les ateliers d’écriture. Dans la bibliothèque de RVI où j’ai animé des ateliers d’écriture (fréquentation quasi nulle), je n’ai jamais vu aux murs les affiches annonçant l’activité.

Quand je parle d’absence de relais, c’est un euphémisme.

Cette « absence de relais » aurait pu se comprendre s’il s’était agi de la première édition des « Fêtes Escales ». Il n’en était rien. J’avais pourtant le sentiment d’essuyer les plâtres à chaque intervention. Je crois que Florent de Fêtes Escales n’était pas chaud pour que des animations aient lieu à RVI, il avait tiré les leçons des années précédentes mais Miss Blandine n’en avait cure, elle s’entêtait.

Moi qui n’ai jamais craint de devoir m’adapter à de nouveaux terrains, je me suis laissé gagner au fil des mois par un sentiment… assez lourd.

Plus d’une fois, j’ai eu envie de tout planter là (ce n’est pas mon genre). D’interrompre ma lecture chez cette dame dont la fille, enfermée au premier étage, regardait la télé avec le volume à fond. De stopper le énième atelier d’écriture à RVI où, en dehors de deux-trois personnes vraiment motivées, je ne rencontrais qu’indifférence voire hostilité.

Je n’ai rien stoppé. J’ai poursuivi, fini chaque travail entamé.

ET J’AI EU TORT. 

Il y a eu cette journée « festive » dans le parc public de la ville, annoncée à grand renfort d’affiches quatre par trois. Les groupes de musique qui s’y produisaient avaient leur nom écrit en plus ou moins gros, les deux poètes de service chargés de faire une énième lecture publique n’étaient même pas cités.

Au terme de tous les ateliers d’écriture dont j’ai eu la responsabilité, il s’est agi de sortir un petit recueil des textes écrits par les (rares) participants (heureusement, leur motivation compensait leur faible nombre). Blandine m’a demandé un texte pour une préface. L’occasion pour moi de me reposer de véritables questions sur la posture de l’animateur de l’atelier, sur ce qui me motive. L’occasion également de parler de la banlieue et des jeunes que j’y rencontre (un ascenseur social en panne ? Quel ascenseur ? Il n’y a plus d’ascenseur dans la cage, il n’y a plus que la cage), de dresser un tableau qui n’a certainement rien de rose même si je le voulais traversé par une énergie certaine, de poursuivre en quelque sorte un autre texte que j’avais écrit (voir plus haut, la préface à « REGARDS SINGULIERS, VOIX PLURIELLES (Paroles de jeunes des Minguettes) » ).

Et Miss Blandine, qui n’avait pas écouté les remarques que j’avais pu lui faire (trop gentiment) ces derniers mois, a pris connaissance de ce texte puis décidé qu’il ne passerait pas. S’il lui fallait un texte de catéchisme de gauche, il ne fallait pas me le commander !

Voici donc cette (très courte) préface qui ne sera jamais préface :

       « Jodorowsky écrivait dans les années 70 : “ Le jour viendra où les jeunes se trouveront face au dilemme : poseur de bombes ou conteur ? ”.

       Nous y sommes. La prospective de Jodorowsky n’était en rien exagérée. Maintenant, que voulons-nous ? Quelle stratégie sommes-nous prêts à poser ? Je ne méconnais pas l’enjeu qu’il y a dans un atelier d’écriture. Je ne méconnais ni la beauté de ce mot « atelier », ni l’ambiguïté du rôle de l’animateur, sorte de pompier pyromane.

       Je ne maîtrise pas l’avenir. Je sais juste que cela n’a rien à voir avec la politique. Que cela à TOUT à voir avec la politique. 

                                                                                                                                                            Frédérick Houdaer »

D’accord, Jodorowsky omet une troisième possibilité pour tous les jeunes, la catégorie qui attirera le plus grand nombre d’entre eux : celle des zombis consommateurs. J’aurais dû la mentionner dans la préface que j’ai proposée. Ce n’est pas cela qui l’aurait protégée de la censure, qui l’aurait sauvée aux yeux des autruches.

Histoire de finir sur une touche plus positive, de saluer de belles personnes croisées lors de ces « Fêtes Escales », un coucou à Abdelwahed A., Younes B., Gilles R., Sophie S. et son frère qui tous (à titre divers) se sont impliqués dans ce marathon. J’ai été heureux de croiser leur route (j’omets de mentionner deux ou trois autres personnes dont j’ai oublié le prénom, mais elles savent que je pense à elles).

 

Lundi 3 octobre

Je le relis régulièrement. 

Extrait :

13 juillet. - Un homme, une caisse à outils. Antoine est arrivé ce matin : une vraie plume mais ni maigre ni chétif. Énergique, vif. En un rien de temps, il s’est fabriqué une sorte d’établi le long de la palissade. Son travail : tresser les ferrailles, semelles, piliers, linteaux, préparer les coffrages. Il a du métier, comme on dit. Et des mains de sourcier, de derviche ; ça va vite, ça s’éclaire d’un coup. Ses outils : un jeu de griffes pour tordre les fers, des pinces coupantes, une petite et une grosse cisaille.

Dans l’après-midi, Ahmed et moi l’avons aidé à plier les barres de 16, grosses comme le pouce. Pourquoi, soudain, en plein effort, ce rire fou, ce rire qui nous montait des mains comme un oiseau grimpeur ? Impossible de continuer, c’était là, dans l’air, à hauteur de visages : une aile.

Ascendante, jusqu’au soir.

 

Thierry Metz, Le journal d’un manœuvre, Editions L’arpenteur

 

Lundi 19 septembre

       L’événement valait bien cette première : de l’image sur mon blog en souvenir de notre performance !

       Un grand merci à Karelle Prugnaud (comédienne), à Bertrand Louis (vidéaste) et à Bob X (musicien). Sans oublier Audrey, notre poisson-pilote !

       Et est-ce que je porte bien le masque ?

 

vendredi 16 septembre

c’est l’année du coq

je n’y peux rien

c’est mon année

qu’on se le dise

qu’on le colporte

jusqu’à ce que l’information me revienne

aux oreilles

 

Jeudi 15 septembre

Comme prévu, je suis sur une création dans le cadre du festival Up Date. Quatre journées de folie, d’urgence, etc. Je pensais m’en tirer avec une lecture-performance dans un coin de la scène, tandis que le reste du groupe (une comédienne, un vidéaste et un musicien) attirerait l’attention du public.

Au lieu de cela… demain soir, vendredi 16, à 20h00, sur le parking du 8/9 quai Arloing, vous pourrez me voir jouer la comédie (avec puis sans masque), chanter, danser… C’est gratuit, et les responsables sont à chercher du côté de Là Hors De.

Un jour, il faudra que j’apprenne à répondre « non » aux propositions de certaines comédiennes.

 

Mardi 6 septembre

L’ami Michel (Thion) ouvre son site, tandis que dans le reste du monde on recycle à tout va.

 

Vendredi 26 août

Résumé de cet été : des vacances de pauvres qui ont fini par coûter cher (problèmes de bagnole, problèmes de garagiste, four et frigo et téléphone à changer, etc.).

Souvenir de ma lecture quotidienne de Var-Matin. Quand je tombais sur un article consacré à Sarkozy bras dessus bras dessous avec les pilotes de Canadair, j’avais l’impression de dénicher un article de gauche. Je vous laisse deviner le reste du canard, les sujets et leur traitement.

 

Mercredi 24 août

Croisez les doigts, allumez des cierges, faites des prières, improvisez des danses chamaniques pour mon recueil de nouvelles « TIRS TENDUS ». Pour l’heure, il m’a valu les compliments d’un Pascal Garnier et une belle lettre des éditions Le Dilettante. Je ne peux pas m’en contenter. D’où de nouveaux rendez-vous avec la photocopieuse, mes visites au bureau de poste près de la place Flammarion…

« Tirs tendus » n’a rien à voir avec une collection de fonds de tiroir. Cela fait plus de deux ans que je suis dessus. Je l’ai fait passer de 300 à 170 pages (et non l’inverse). La couleur de ces nouvelles est noire, mais l’ensemble est parcouru par un véritable arc électrique.

À suivre…

 

Vous aimez la nouvelle (en écrire, en lire) ? Vous pouvez vous inscrire au groupe de discussion « Nouvelles » (de nombreux auteurs & lecteurs y participent, dont Emmanuelle Urien, Renaud Marhic, Eric Dejaeger, etc.)

E-mail du groupe : groupenouvelles@yahoogroupes.fr
Inscriptions : groupenouvelles-subscribe@yahoogroupes.fr

 

Lundi 22 août

       Jean-Jacques Nuel nous présente Léon Bloy.

 

Dimanche 21 août

       BOUM !

 

Vendredi 19 août

       Comme tous les vrais méchants, il n’était pas mort, pas vraiment mort, et il ressuscite.

 

Lundi 8 août

       Antoine Blondin : « (…) Mon père a eu toute sa vie une envie : celle d’écrire un livre. Il ne l’a jamais fait. Quand il est mort, pour la première fois j’ai essayé moi aussi d’écrire un livre. Pas à sa place. Mais si lui en avait publié un, je n’aurais jamais écrit le moindre livre. Quant à ma mère, elle était issue de la grande bourgeoisie. Son aïeul s’appelait Casimir-Perier. Dans la vie, il faisait président de la République. Six mois en 1894. Après quoi il a donné sa démission pour aller claquer tout son argent avec les admirables putes de l’époque.

 

Pierre Assouline : C’est quand même un drôle de destin pour un Président.

 

Antoine Blondin : Oui, mais c’est peut-être comme ça qu’on obtient un écrivain quarante ans après. »

 

Extrait de « Le flâneur de la rive gauche », entretiens Blondin/Assouline

 

 

Samedi 6 août

Je ne sais plus si je l’ai déjà mentionné sur ce blog, mais vous trouverez ici quelques inédits de Richard Brautigan (traduit par le sieur Eric Dejaeger).

 

Vendredi 5 août

Après Toulon, retour à Lyon. Dans mes toilettes, ce poster de l’Europe des 25. Les noms des villes y sont marquées suivant différentes polices. Les villes comptant de 100000 à 500000 habitants ont droit à des lettres de mêmes grosseurs. Bref, Toulon et Lyon ont exactement la même taille sur cette carte (cachant un mur en piteux état).

 

Jeudi 4 août

Relire sur une plage Varoise « Les aventures d’Unlenspiegel » comme on s’injecterait un contre-poison (Eric Dejaeger m’avait déjà parlé de son auteur Charles de Coster). Dans le ciel, un ballet de Canadairs. Non loin de mon sable, au Pradet, tout flambe, y compris un terrain miné depuis la première guerre mondiale où les pompiers ne peuvent intervenir.

 

Dimanche 31 juillet 

En guise de carte postale toulonnaise, cet extrait de mon polar (inédit) « TRACEUSES » qui se déroule… devinez où.

« Midi à l’horloge de la gare. Façades noircies par la pollution comme par un monstrueux fusain. Parfois, quelques tâches de rouge ayant viré au rose, des fringues qui sèchent aux balustrades, couleurs passées au soleil. Un, dix, cent volets fermés laissent filtrer vers l’extérieur les lumières inquiétantes de postes de télévision. Chaque pâté d’immeuble sert de coffrage à une centrale nucléaire en plein accident Tchernobyl.

Marion avance. Marche. Trace. La laideur comme un feu d’artifice permanent. Fausse blonde à l’âge indéterminé, Cine Sex Video, fausse blonde mangeant pizza, Elegance Canine, fausse blonde portant de vraies chaînes en or, Parfumerie Sandy, fausse blonde avec un méchant coquard, cinoche à la programmation 100% américaine, fausse blonde engueulant une autre fausse blonde, aloès albinos, fausse blonde sortant d’un hammam, plaque commémorative « Membres de l’Eglise Réformée de France morts pour la Patrie », fausse blonde crachant dans une fontaine à sec, bagarre dans le local des Associations des Harkis du Var, fausse blonde s’arrachant la peau bronzée de son bras droit contre le tronc d’un palmier, des fringues impossibles, toute une mode vestimentaire exhibant des zones érogènes parfaitement cramées, fausse brune… »

 

Vendredi 29 juillet

       À l’école primaire, quand j’avais sept ans, il m’est arrivé un incident étrange. À la suite d’une insolation, j’ai perdu la mémoire. Je suis resté pendant six mois en état de choc, ne me souvenant plus que d’une grande lumière, puis je suis brusquement redevenu normal. Pendant toute cette période, on m’avait mis dans une section spéciale de mon école, réservée aux élèves déficients mentaux. Nous étions huit, et devions porter un uniforme noir, alors que les élèves normaux étaient habillés en blanc. Quand je me suis comme réveillé, on m’a redonné l’uniforme blanc, et les élèves considérés comme débiles m’ont demandé : “ Mais qu’est-ce que tu fais là, habillé en blanc comme tous ces cons ? ”.

      Hugo Pratt (extrait de son autobiographie “ Le désir d’être inutile ”)

 

Mardi 26 juillet

       Trouvé dans la dernière lettre de Persona, ce remarquable extrait :

       « Dario Fo ne fait pas œuvre d’historien, mais il se sert de l’histoire pour montrer concrètement par le théâtre la nécessité de la réinterpréter sans relâche : édifiée le plus souvent par les érudits de la bourgeoisie, l’histoire a besoin d’être réinventée et retournée afin de servir les luttes présentes. Mais cette ré-appropriation, pour restituer au peuple la mémoire de ses luttes, doit se garder de concurrencer l’histoire officielle par une « contre-histoire » tout aussi dogmatique qui se présenterait sous la forme d’une leçon édifiante, illustrant et célébrant la marche continue et assurée vers le succès des « organisations responsables ». Dario Fo ne se réfère à l’histoire que pour retrouver des formes concrètes de protestation, de subversion, de révolte ou pour montrer les conditions particulières dans lesquelles furent inventées des luttes et transmis le savoir qui transforme l’oppression en insurrection. Ce que la culture populaire peut enseigner, ce n’est pas seulement une « contre-histoire », mais surtout le moyen d’inventer aujourd’hui encore des pratiques de résistance et de révolte. Retrouver cette culture c’est attiser le goût de la ruse et de la fantaisie, et par là continuer à divulguer ces pratiques et à en prolonger la portée »

in le métier d’acteur, paradoxe du théâtre politique de José Guinot et François Ribes

 

Lundi 25 juillet

       Je m’estiv’aille jusqu’à Toulon où un sacré bonhomme vient de mourir. Je devrais fêter mon 36ème anniversaire sur une aire d’autoroute ().

       Autrement, avant de partir en vacances, un site à visiter.

       Et les propos d’un sinologue, François Julien :   

« En Europe, nous avons politiquement conquis le droit aux vacances, mais en avons-nous jamais conçu la notion ? (…) Partir en vacances, c’est cela : laisser à nouveau jouer, par-delà le clivage entre corps et esprit, une vitalité débarrassée de toute excitation fébrile. L’expérience est commune – je la partage avec les Chinois – mais voyez comme la pensée européenne reste un peu gourde pour s’en saisir. Descartes ou Kant ont bien approché l’idée, le premier lorsqu’il recommande de savoir " ne s’occuper qu’à imiter ceux qui, en regardant la verdeur d’un bois, les couleurs d’une fleur, le vol d’un oiseau, et telles choses qui ne requièrent aucune attention, se persuadent qu’ils ne pensent à rien. " " Ce qui ", martèle-t-il, " n’est pas perdre son temps. " Mais sur ce " penser à rien " vient mourir sa pensée. »

 

Vendredi 22 juillet

       « J’écris sur les tables de cafés, parce que je ne saurais me passer longtemps du visage et de la voix humaine (…) j’écris dans les salles de cafés ainsi que j’écrivais jadis dans les wagons de chemins de fer, pour ne pas être dupe de créatures imaginaires, pour retrouver d’un regard jeté sur l’inconnu qui passe, la juste mesure de la joie et de la douleur. »

       Bernanos, préface aux Grands cimetières sous la lune

 

Jeudi 21 juillet

       Pour les Rhône-Alpins : chez votre marchand de journaux, le dernier numéro de LYON-DECOUVERTE spécial polar. 15 grands faits divers lyonnais racontés par des écrivains. Un texte de Charles Juliet consacré au Juge Fayard ! Pouy évoque l’assassinat du Président Carnot à Lyon, au XIXe siècle. Quant à moi, je m’attaque à l’Affaire du Courrier de Lyon.

       Pour la séance photo liée à la parution dans cette revue, voir la note du lundi 11 juillet.

 

Lundi 18 juillet

       C’est ma fête… et pourtant, je quitte Avignon (trois courtes journées passées au festival). Par miracle, j’ai trouvé une place pour le (trop ?) fameux « Je suis sang » de Jan Fabre.

 

Vendredi 15 juillet

       MIAM…

 

Jeudi 14 juillet

SHOKING !

 

Lundi 11 juillet

       Tout commence par une séance photo normale. Éric Soudan, photographe pour Lyon-Découverte, souhaite me tirer le portrait dans un cadre intéressant. Il passe me prendre en scooter et m’emmène au Musée automobile de la Rochetaillée. Là, je prends la pose au fond de deux voitures dont un taxi de la Marne. Le musée étant officiellement fermé, nous l’avons pour nous tout seul. Nous nous attardons. Nous examinons la monstrueuse voiture de Hitler, ou celle qui a servi à Jean-Paul II pour faire deux fois le tour du stade de Gerland lors de son passage à Lyon, dans les années 80. Cette dernière affiche 250 kilomètres au compteur !

       Nous remontons sur le scooter… Éric, au lieu de me ramener directement à la Croix-Rousse, me dit qu’il a « un truc » à me montrer. Et le voilà qui me conduit jusqu’à LA DEMEURE DU CHAOS (je ne l’avais vu qu’au travers de quelques reportages dans la presse, jusqu’à présent). Voilà qu’Éric pousse son scooter jusque devant les grilles de la propriété, voilà que ces grilles s’ouvrent car mon photographe-chauffeur vient de saluer de loin une connaissance… Thierry Ehrmann, le Maître des lieux, qui nous accueille avec la plus grande gentillesse… et nous fait visiter son chantier, son lieu de travail et son lieu de vie (les bureaux du groupe Serveur sont cachés sous le sol). Le site bénéficie d’une autonomie totale en matière d’électricité, d’eau, etc. L’un des toits, en cuivre, est farci de capteurs. Un autre est décoré/flanqué d’une énorme météorite. Tout est taggué de rouge et de noir.

L’homme fait montre d’un bel enthousiasme en nous montrant l’ancien temple protestant qu’il est en train de mettre à jour dans ce qui reste d’un potager, ou les nouveaux portraits géants peints sur la façade. De quoi ravir les voisins (Ben laden, Ratzinger du temps des jeunesses hitlériennes, « d’après une photo repêchée dans la mémoire de la banque de données du Vatican ! » nous explique notre guide).

Nous voyons l’ancien maire du village, qui fut l’un des farouches opposants au projet, venir saluer Thierry Ehrmann et lui dire « bravo ». Éric n’en croit pas ses oreilles, ni ses yeux.

Deux molosses dignes des Baskerville viennent réclamer leur lot de caresses (non, je ne charge pas le tableau, je n’ai pas parlé de l’hélicoptère fracassé, racheté en l’état, et posé au milieu de la cour, ni de l’épée de maçon de Thierry Ehrmann plantée dans l’un des murs extérieurs, ni de la salamandre…).

Quelques heures plus tard, je lirai cette phrase de Nimier dans un texte consacré à la thébaïde de Kléber Haedens : « Deux chiens d’une philosophie profonde hument et gardent cette maison. »

 

Jeudi 7 juillet

       Soldes ! – 30 % sur les baskets ! Va pour cette paire d’Adidas.

À la caisse, je découvre que les godasses que j’ai choisies ne sont rien moins que des « Adidas Esoteric » (sic !).

 

Mercredi 6 juillet

       D’autres publications à venir : une nouvelle dans le numéro estival de LYON-DECOUVERTE, un long poème dans le numéro 4 de la revue « ON ».

Enfin, cerise sur le gâteau, à compter de la rentrée de septembre, je tiendrai une chronique hebdomadaire dans « Lyon-Capitale ».  

 

Mercredi 29 juin

Sans conteste, une des meilleures revues du moment. Je fignole un texte pour son quatrième numéro titré « A quoi bon la fiction ? »

 

Un premier coup de dent de la part du Vampire Actif : en souvenir d’une belle journée passée au Château de mon webmaster (moi, quand j’embauche un type pour me construire mon site, je recrute un châtelain… et je ne le paye pas !). Des images du récital Brassens, avec Jean à la guitare (qui fut mon patron au Foyer Notre-Dame des Sans-Abris il y a dix ans !), quelques vues sur les toiles de Roland Dauxois, et un défilé de slameurs (avec un « m » ou deux « m » ?).

 

Mardi 28 juin

il est intelligemment question de Manchette…

 

Mardi 21 juin

Vu à 130 km/k, sur l’A 46 :

Deux voitures garées sur la bande d’arrêt d’urgence. Derrière une glissière de sécurité, un homme et une femme. Ils s’embrassent.

Je poursuis ma route jusqu’à Villard-les-Dombes où j’anime un atelier d’écriture dans une résidence de personnes âgées depuis plusieurs semaines. À vol d’oiseau, la résidence n’est qu’à quelques centaines de mètres du… parc ornithologique.

Fil rouge de l’atelier : le pain. Aujourd’hui, une mamie de 95 ans écrit ses textes sans aide puis les lit elle-même à voix haute. Elle retrouve sans difficulté le nom du premier boulanger qu’elle a connu, enfant.

Toutes ces personnes que je rencontre ont grandi, vécu, vieilli en milieu rural. Je ne risque pas de les confondre avec les mamies et les papis que j’ai connus comme veilleur de nuit dans la banlieue lyonnaise.

 

Mercredi 15 juin

Croyances et techniques pour la prose moderne
Evergreen Review, vol 2, n.8, 1959
Jack Kerouac

Liste des points essentiels:

1. Carnets secrets, couverts de gribouillis, et pages follement dactylographiées, pour votre propre plaisir
2. Soumis à tout, ouvert, à l'écoute
3. N'essayez jamais de vous soûler en-dehors de chez vous
4. Soyez amoureux de votre vie
5. Ce que vous ressentez trouvera sa propre forme
6. Soyez fou, soyez un saint abruti de l'esprit
7. Soufflez aussi profondément que vous souhaitez souffler
8. Ecrivez ce que vous voulez sans fond depuis le fin fond de l'esprit
9. Les visions indicibles de l'individu
10. Pas de temps pour la poésie, mais exactement ce qui est
11. Des tics visionnaires tremblant dans la poitrine
12. Rêvant en transe d'un objet se trouvant devant vous
13. Eliminez l'inhibition littéraire, grammaticale et syntaxique
14. Comme Proust, soyez à la recherche du joint perdu
15. Racontez la véritable histoire du monde dans un monologue intérieur
16. Le joyau, centre d'intérêt, est l'œil à l'intérieur de l'œil
17. Ecrivez pour vous dans le souvenir et l'émerveillement
18. Travaillez à partir du centre de votre oeil, en vous baignant dans l'océan du langage
19. Acceptez la perte comme définitive
20. Croyez en le contour sacré de la vie
21. Luttez pour esquisser le courant qui est intact dans l'esprit
22. Ne pensez pas aux mots quand vous vous arrêtez mais pour mieux voir l'image
23. Prenez note de chaque jour la date blasonnée dans votre matin
24. Pas de peur ou de honte dans la dignité de votre expérience, langage et savoir
25. Ecrivez de façon que le monde lise, et voie les images exactes que vous avez en tête
26. Livrefilm est le film écrit, la forme américaine visuelle
27. Eloge du caractère dans la solitude inhumaine et glacée
28. Composer follement, de façon indisciplinée, pure, venant de dessous, plus c'est cinglé, mieux c'est
29. On est constamment un Génie
30. Scénariste-Metteur en scène de films Terrestres Sponsorisés et Financés par les Anges au Paradis

 

 

Mardi 14 juin

HISTOIRE DE MES LIVRES (Premier épisode)

 

L’IDIOT N°2 

(éditions du Serpent à Plumes, Collection Serpent Noir, neuf euros,

ISBN 2 84261 114 4) :

 

Ecrit en deux mois, durant l’été 1997 (j’ai 28 ans).

Mon cinquième roman écrit (les quatre premiers pas publiés parce que pas publiables).

Mon premier « roman noir ». Je me passe cette commande après avoir constaté la multiplication des collections noires chez les éditeurs. Résultat : un roman plus personnel que les précédents, malgré l’abandon de la première personne du singulier et de ma veine auto-fictionnesque.

Le thème principal de « L’idiot n°2 » n’a rien d’original, mais me tient à cœur : l’enfermement et la libération, dans tous les sens que l’on peut donner à ces mots. La prison est au centre de l’histoire.

Quatrième de couve copiée-collée :

« Dosto, vingt ans, est incarcéré à Shitland. Dans sa cellule, Abdel-Sammy, un sage, et Richard Sebasteni, « le nouveau Dreyfus ».

Dosto philosophe, lit tout ce qu’il peut trouver, abhore la télévision, s’essaye au bouddhisme zen. Il aime Fanny Charpentois qui le lui rend très bien. M.Charpentois, le père, est quant à lui une institution : politicien véreux et fascisant de Lyon, impliqué dans divers trafics, il viole sa fille tous les soirs depuis son entrée en sixième.

Rapide, déjanté, nerveux, un texte dérangeant et atypique dans la lignée du meilleur néo-polar à la Fajardie. »

De la pure prose d’éditeur, comme dirait Polac. À signaler que dans cette même quatrième de couv’, il est question de ma (brève) correspondance avec Frédéric Dard ainsi que de mes huit échecs consécutifs au permis de conduire (ce dernier détail, c’est moi qui ai tenu à le faire figurer).

Pour écrire ce roman sur une période relativement courte, je prends soin de quitter la plupart des associations dont je fais partie. En deux mois d’écriture, je perds sept kilos.

J’envoie le manuscrit à une trentaine d’éditeurs. Pour dégoter leurs adresses, j’abuse de la patience de Mme et Mr Péju. Dans leur librairie La Proue déjà très encombrée, je bloque tout le monde (« Je peux jeter un coup d’œil dans votre botin d’éditeurs, oui ? Histoire de recopier quelques coordonnées… J’en ai juste pour une petite heure, je m’installe, mais pas pour longtemps, etc… »).

Le roman est pris par le Serpent à Plumes et sort en mars 1999.  Atterrit dans la vitrine de La Proue.

Beaucoup de presse (parisienne et Rhône-Alpine). Des chiffres : une quarantaine d’articles. Dans deux articles sur trois, le journaliste n’a pas été fichu d’écrire mon nom ou mon prénom sans l’écorcher (je n’ose pas imaginer ce qu’a vécu Daeninckx à ses débuts !). 

« Etrange roman noir, qui a du style à l’évidence et qui fait froid dans le dos. » (Cathy Bouvard, Lyon-Capitale)

L’article le plus intéressant est signé Pascale Vannereux dans le défunt mensuel lyonnais « Nota Bene ».

Cathy Bouvard me racontera une anecdote amusante par la suite. Durant l’été 99, elle est partie du côté de l’Himalaya. Au pied d’une grande montagne (forcément), elle trouve un bouquiniste (on reconnaît la droguée de livres). Pratiquement que des bouquins en anglais. Une petite caisse de bouquins en français. Et au milieu, mon « Idiot ». Quand elle m’a raconté ça, Cathy ignorait tout ce qui pouvait me lier à cette région du monde… où je n’ai jamais mis les pieds.

Si j’additionne la totalité des droits d’auteurs perçus depuis la sortie du livre, je n’obtiens pas la somme de 2000 francs/300 euros nets (en comptant les 0 francs d’à-valoir). L’une des rares obligations d’un éditeur est d’envoyer un relevé de compte annuel à ses auteurs (où il peut avancer les chiffres les plus fantaisistes). Au Serpent, ils ne l’ont fait que pendant deux années consécutives. Le livre continue à se vendre à ce jour (je signe une dizaine d’Idiot à chaque salon du livre auquel je peux participer).

 

L’extrême violence de « L’idiot n°2 » m’a valu d’être rangé dans la même case que Virginie Despentes par plusieurs critiques. C’est ce qui m’amènera à pousser le bouchon complètement dans l’autre sens avec mon livre suivant (« La Grande Érosion »).

À suivre…

 

Mardi 7 juin

Lundi dernier, j’anime un atelier d’écriture à la prison avec Marie C., prof de français. Elle me montre un gars dans un couloir, me souffle « je te raconterai plus tard », et m’invite à aller lui serrer la main. Je sais que l’homme ne va pas participer à l’atelier, je suis un peu surpris mais ne pose pas de question.

Deux heures plus tard, Marie m’explique : « pas un méchant, un escroc. Il se faisait passer pour un prêtre, il a marié des gens, et tout… »

Je reste devant Marie la bouche ouverte. Lui demande le nom du gars. C’est bien lui.

J’explique à Marie qui n’a pas lu « Je viendrai comme un voleur », qui ne se rend pas compte de l’énormité de la coïncidence :

- J’ai écrit tout un bouquin autour de ce type, autour de ce fait-divers. Je sais que des faux curés, il y en a plusieurs qui sillonnent la province française, mais c’est bien de lui dont je me suis inspiré. Et tout à l’heure, l’air de rien, tu me l’as présenté, tu m’as invité à lui serrer la main !

 

 

Jeudi 2 juin

Enorme bévue-malentendu dont je suis seul responsable, concernant mon texte daté du 27 mai (et surtout le titre à la con que je lui avais rajouté). Pour plus de détails, voir le forum et ma réponse à Eric Dejaeger (courriels intitulés « petit avis »).

 

Lundi 30 mai

Cendrars capable de parler d’un “ anarchiste de Barcelone ” comme d’un être “ vindicatif et cruel. Il avait une bouche de tortionnaire et découvrait ses canines quand il souriait ” (in “ L’homme foudroyé ”). Comme on est loin des Kenloacheries juste bonnes à faire mouiller le petit bonhomme de Télérama !

 

Samedi 28 mai

magie pas perdue pour tout le monde

vengeance encore tiède

train qui arrive à l’heure

pour l’homme sans montre

mais qui l’emmène dans la mauvaise direction

j’écris cela

est-ce que je prétends

connaître

la bonne direction

pour qui que ce soit ?

 

Vendredi 27 mai

mon éditeur mange du chorizo

mon éditeur est aussi un poète

comme moi

il fait avec son corps

avec sa voix

comme moi

il lui arrive de bien se débrouiller

comme moi

il s’en sort parfois d’extrême justesse

je nous souhaite de faire

de vieux os

lui

continue de frayer avec les fantômes des « morts trop jeunes »

qu’il les chasse 

ou qu’il relise plus attentivement les manuels

Lautréamont n’est pas mort à 27 ans

mais à 77

Rimbaud n’est pas mort à 37 ans

mais à 70

et tous deux étaient chinois

pour ne prendre que leur exemple

 

je crois avoir convaincu mon éditeur

quand je le vois brûler ses papiers d’identité

jeter sa montre

son portable

tout ce qui l’obligeait à porter

le fardeau de l’heure

le mensonge des dates

 

mon éditeur va faire de vieux os

moi aussi

 

Dimanche 22 mai

SANS COMPTER

 

laisser le temps

aux choses

au café

à ma réputation

de se faire

à mon pull

à ma réputation

de se défaire

au répondeur

de rembobiner sa cassette

au virus

de se télécharger

à l’éditeur

d’envoyer sa non-réponse

au refrain stupide

de sortir de mon crâne

ne rien chasser

ne rien précipiter

tout au plus

incliner du bon côté

la tête

             et la tête

et le corps

             puis le corps

et les ailes

             puis les ailes

haaaaa

allouette

             je te plumerai

                    allouuuetteu

 

 

Vendredi 20 mai

Un homme qui n’est pas forcément celui que l’on croit.

 

Jeudi 19 mai

       Une mauvaise nouvelle qui a mis du temps à me parvenir.

 

Mercredi 18 mai

Très bons textes de Fabienne Swiatly à lire ici.

 

Samedi 14 mai
FRANCK EINSTEIN

 

on raconte quantité de choses

sur le compte du fils Einstein

on dit qu’il est devenu fou

qu’il n’a pas supporté d’être le rejeton

d’un génie qui savait tirer une langue de berger allemand

on exagère

Franck

je l’ai rencontré

son épaule droite était un Lego rouge

d’une belle dimension

sa tête ressemblait à

celle d’un Big Jim décapité

après qu’on lui ait fait jouer

le rôle de Louis XVI

un magnifique contre-emploi

sur sa tête

trônait le scalp renversé d’un Playmobil

comme une petite couronne

le fils Einstein était d’un commerce agréable

mais sans plus

il était aussi

partiellement articulé

sans vouloir me montrer méchant

je dois bien reconnaître

qu’il n’avait pas inventé le fil à couper le beurre

 

on raconte quantité de choses

sur le compte des fils de Gandhi

et caetera

 
Vendredi 13 mai

« Affranchir les grands conflits humains de l'interprétation naïve du combat entre le bien et le mal, les comprendre sous l'éclairage de la tragédie, fut une immense performance de l'esprit; elle fit apparaître la relativité fatale des vérités humaines; elle fit ressentir le besoin de rendre justice à l'ennemi. Mais la vitalité du manichéisme moral est invincible: je me souviens d'une adaptation d'Antigone que j'ai vue à Prague aussitôt après la guerre; tuant le tragique dans la tragédie, son auteur faisait de Créon un odieux fasciste qui écrasait une héroïne de la liberté.

De telles actualisations politiques d'Antigone ont été très en vogue après la Seconde Guerre mondiale. Hitler avait apporté non seulement d'indicibles horreurs à l'Europe mais il l'avait spoliée de son sens du tragique. A l'instar du combat contre le nazisme, toute l'histoire politique contemporaine serait dès lors vue et vécue comme un combat du bien contre le mal. Les guerres, les guerres civiles, les révolutions, les contre-révolutions, les luttes nationales, les révoltes et leur répression ont été chassées du territoire du tragique et expédiées sous l'autorité de juges avides de châtiment. Est-ce une régression? Une rechute au stade pré-tragique de l'humanité? Mais en ce cas, qui a régressé? L'Histoire elle-même, usurpée par des criminels? Ou notre façon de comprendre l'Histoire? Je me dis souvent: le tragique nous a abandonnés; et là est, peut-être, le vrai châtiment. »

Le rideau de Milan Kundera. Gallimard. 

 

JEUDI 12 MAI

SOIRÉE TÉLÉ (« Le loup-garou de Paris »)

 

j’écris ces phrases

pendant que mes amis rigolent grassement

devant la télé où

Julie Delpy se transforme en loup-garou

c’est bien dommage

ce joli corps qui se couvre de poils

les ongles qui s’allongent à vue d’œil

ne me dérangent pas

mais les poils qui émergent

de cette poitrine si gracieuse

comme si elle était transpercée de fils de fer

non vraiment

cela me donne plus envie de pleurer que de rire

je me contiens

je suis un homme qui passe la soirée

au milieu d’autres hommes

l’un d’eux cherche à me rassurer

Julie Delpy a trouvé là un vrai rôle de composition

me dit-il

personnellement

j’aurais préféré la voir dans la peau de Mata-Hari

plutôt que dans celle d’un loup-garou

 

le film de ce soir est censé se dérouler à Paris

à voir la façon dont l’on nous cache la nudité de l’actrice

il est américain

 

Julie exceptée

c’est mon poème

j’ai le droit de l’appeler Julie

Julie exceptée disais-je

il n’y a pas un acteur pour sauver l’autre dans ce film

et ceux qui les doublent en français ne sont guère meilleurs

aussi

je donne raison à Julie de se transformer

en monstre pour

bouffer tout ce petit monde parisien

j’ai fait plusieurs salons du livre

porte de Versailles

et des loups-garous

j’en ai croisé quelques uns

mais mon témoignage n’est pas pour intéresser mes amis

 

Mercredi 11 mai

Il aurait 101 ans aujourd’hui.

Rien que pour cette phrase : « Je suis un homme qui fait attention à tout, et d’abord à l’attention. »

 
Vendredi 6 mai

POÈME POLITIQUE

 

le peuple

j’y reviens

du verbe “ reviendre ”

le peuple

j’en viens

le peuple

j’en suis revenu

 

les élites maintenant

pourquoi sont-elles au pluriel celles-là ?

 

le peuple

les élites

je fous tout ça dans le même sac

s’il vous plaît Madame

où puis-je trouver

le fleuve le plus près ?

oui

c’est pour ce sac

il me faut un fleuve très profond

avec un courant très violent

pensez à mon dos Madame

aidez-moi à le soulager de son fardeau

tenez

si vous pouviez me donner la direction du Saint-Laurent

voilà un fleuve de belle taille qui ferait mon affaire

mais si vous n’avez que le Rhône à m’indiquer

va pour le Rhône

       il en a charrié bien d’autres

 

Mercredi 5 mai

       Quelques différents avec les quatre (et non les trois) personnes qui font vivre le blog mentionné juste en-dessous.

 

Dimanche 1ier mai

       Pour info : naissance d’un blog lyonnais et polémique .

       À suivre…

 

Vendredi 29 avril

       Hier, j’ai fini d’animer pour Aleph le stage « écrire la nouvelle noire » (quatre journées pleines). Un bon groupe, huit personnes qui n’ont pas craint de se jeter à l’eau.

       Ce matin, le théâtre des Asphodèles. Cet après-midi, la prison Saint-Paul.

 

Jeudi 21 avril

       Avoir accepté ces textes même pas finis que les un(e)s et les autres m’ont demandé de lire (des ami-e-s trop paresseux-ses pour proposer une fin à leur texte, aussi insatisfaisante soit-elle), cela prouve à quel point j’ai pu me manquer de respect ces derniers temps.

 

Lundi 18 avril

LAISSEZ VENIR À MOI LES PETITS ANIMAUX

 

le chat va-t-il mourir ?

dans la famille

on le craint

on l’espère

on a besoin de se sentir soulagé

on ignore ce qu’il a attrapé

ou ce qui lui manque

il fait peine à voir

avec son arrière-train bloqué

on parle de guérir l’animal

de le soulager

d’une façon ou d’une autre

quelqu’un

-moi-

commence même à chercher un terrain

où l’on pourrait l’enterrer

 

un lundi

c’est le miracle

l’animal se porte comme un charme

s’il ne bouge plus

c’est parce qu’il fixe une proie derrière la vitre

 

sur une branche

en contre-jour

un oiseau se recroqueville

et se transforme en un énorme bourgeon

quand il explose

il disparaît purement et simplement

et ne laisse derrière lui que le fruit invisible

de son envol

 

Samedi 16 avril

       Un (double) CD : l’Anthologie Céline

       Sur le disque, un sticker signé Albert Paraz :

       « … Voici un événement ! Privez-vous de vinasse, de tabac et de femmes mais achetez ce disque… Vous n’aurez jamais rien entendu de si beau, de si puissant, de si lyrique, de si simple, de si poignant, de si neuf, de si marrant, de si profond, de si terrible. On sent vibrer la démarche assurée des grands textes classiques. Pas un mot de trop. »

 

       Céline, donc :

       « Celui qui parle de l’avenir est un coquin. »

       « Et puis d’abord on ne devrait jamais écouter les femmes qui ne sont pas belles, elles ne peuvent dire que des bêtises. »

       « L’école doit devenir magique ou disparaître, bagne figé. »

       « Je donnerai tout Baudelaire pour une nageuse olympique. »

       « -Ah ! Ferdinand… Tant que vous vivrez, vous irez entre les jambes des femmes demander le secret du monde ! »

 

 

Vendredi 15 avril

DERAIN

faire des kilomètres pour voir ce tableau

arrivé devant

faire craquer son cou

le parquet du musée

sa mémoire

entamer une danse

autour du gardien

comme Bruce Lee chassant l’air

autour de Chuck Norris

jusqu’à ce que l’adversaire s’effondre

mort d’asphyxie

choir soi-même

sur une banquette rouge musée

relire la biographie du peintre

et ne pas croire en son décès

 

 

Mercredi 13 avril

       AUTEUR SANS COUVERT

je croise Novarina au Mac’Do

Valère Novarina

il cherche le distributeur de pailles

je ne prends pas le temps

d’échanger avec lui

de lui faire part de ma surprise

ma copine attend que je lui ramène son menu XL

elle a un appétit de louve

 

Dimanche 10 avril

Un blog à la tonalité très juste, « Tu écris toujours ? » ou le feuilleton quotidien d’un écrivain en 2005. Sans aigreur, mais avec précision et humour, que demander de plus ?

 

Samedi 9 avril

« Pour saluer Giono » de Pierre Magnan

Extraits :

« - Il faudrait qu’on aille demander un article à Giono.

-         -         Tu le connais Giono ?

-         -         Non.

C’est faux. Giono nous le voyons tous les jours déambuler par Manosque, allant à la poste ou s’installant au café-glacier sur la terrasse pour contempler d’un œil inexpressif l’immensité de ce qu’il fomente. L’œil bleu de Giono, principale caractéristique de son visage, est comme celui des menons cornus des grands troupeaux. Nous le savons déjà très bien pour l’avoir si souvent contemplé à la dérobée : vide, vacant, anodin, ne voyant volontairement personne mais voyant tout. Toute sa vie, Giono promènera par Manosque ce regard objectif mais qui trie ce qu’il veut du spectacle du monde. Un jour, il me citera cette phrase du peintre Paul Laurens qui le dessine tout entier : « Aujourd’hui, je ne vois que les cravates ». »

 

« Giono s’avançait (…). Mais le bruit qu’il faisait en écartant les feuilles mortes était insolite. Mon regard s’arrêta à ses pieds. Il portait d’admirables chaussures cramoisies resplendissantes de cire transparente comme les meubles d’autrefois. Seulement ce n’était pas des chaussures. Je pensais aussitôt aux poulaines du Xvème siècle qui figuraient sur les illustrations des contes de fées, mais ce n’était pas non plus cela. Ces chaussures d’une longueur démesurée n’avaient pas de semelles. C’est ce qui produisait ce bruit insolite parmi les feuilles mortes. Elles étaient faites d’un seul ensemble de cuir embouti et sans couture apparente. Mais ce qu’elles avaient de plus étrange, de plus déroutant pour un enfant comme moi qui vivait dans la plus banale des médiocrités, c’était leur forme : au lieu d’être bien à plat au ras du sol et de se terminer là en un pointu vaguement arrondi comme tous les souliers bons et mauvais que j’avais vus jusqu’ici, soudain elles rebiquaient du bout, elles se recourbaient en langue de belle-mère, elles s’enroulaient sur elles-mêmes pour s’achever en une spirale impertinente en corne de bélier qui défiait l’utilité et la raison. (…)

Ces chaussures que portait Giono vers mil neuf cent trente-trois, trente-quatre, m’ont valu le scepticisme de tous. Pourtant, j’ai parlé à leur propriétaire, bien plus tard, de ces poulaines recourbés, objet de mon premier émoi pour lui. Il n’a pas hésité une seconde :

-         -         Mais oui ! Tu te le rappelles ? C’étaient des mowglis du Tibet ! Alexandra David-Neel les avait donnés à Maria Borrely qui m’en avait fait cadeau. Malheureusement ils étaient conçus uniquement pour marcher sur les bouses de yack. Tu sais naturellement qu’au Tibet, les bouses de yack sont si nombreuses qu’on n’y touche pas terre. Malheureusement ici, entre les cailloux de mon chemin  et l’asphalte du boulevard de la Plaine, il n’y a pas de place pour des bouses de yack. Au bout de quinze jours, mes mowglis étaient fichus. Ce qui explique que tu sois le seul à les avoir remarqués.

Les spécialistes de Giono ont toujours prétendu que lorsque celui-ci donnait un tel luxe de détails, c’est qu’il mentait à tout va. Voire…

Lorsque (…) je parlais à mon ami Jacques Michel de ces mirobolantes poulaines que j’avais vues en sa compagnie, il eut ce rire amusé et un peu insultant (…) « Ou tu es fondu, ou tu inventes, ou tu veux te faire remarquer. »

Je n’insistai pas. Mais je suis têtu, précis et obstiné. Tel jour de 1982 où nous passions à cet endroit où Giono m’était apparu avec ces poulaines, je (…) fis confidence à Aline, sa fille, de ces premiers émois d’un enfant de 13 ans devant la magnificence du poète mis en gloire par ces chaussures sacrées. Elle s’écria :

- Mais qu’est-ce que tu racontes ? Mais tu es encore plus menteur que mon père ! Papa n’a jamais porté de telles chaussures ! Et il n’a jamais rencontré Alexandra David-Neel ! »

 

«  Il me lut de cinq à huit heures du soir, un bon tiers de La Chartreuse de Parme. Il était dans un état d’enthousiasme indescriptible.

Il s’interrompait de temps à autre pour me faire partager ses état d’âme :

- Tu comprends, je me suis dit : Mais qu’est-ce que tu fais, salaud, à écrire des livres que tu sais déjà faire ? À te salir avec l’époque ? Attaque-toi un peu maintenant aux livres que tu ne crois pas savoir écrire ! Et puis (…) ne crains pas d’utiliser ces imparfaits du subjonctif que tu croyais indigne de toi ! Ils te donneront ce que tu ne peux atteindre avec aucun autre temps : l’insolence !

Ici sans doute se laissait-il emporter par un regret furtif, car je ne sache pas que ni avant ni depuis il ait jamais beaucoup utilisé ce mode ni ce temps (…).

En me reconduisant, comme à l’ordinaire, la main sur mon épaule il me dit encore :

-         -         Et ce qu’il y a de plus prodigieux, c’est qu’il n’y a pas de chartreuse à Parme ! Tu comprends ? À partir de là tout est permis et, tu vas voir, je vais tout me permettre ! »

 

Vendredi 8 avril

Courriel de Jean-Jacques Reboux (réexpédié par un copain auteur) intéressant à plus d’un titre :


       « Bonjour à toutes et tous,

Certain(e)s d’entre vous me connaissent bien, d’autres un peu, d’autres pas du tout, qui doivent se demander comment diable leur @dresse électronique a-t-elle bien pu atterrir dans un ordinateur situé de l’autre côté de la lune! Non, non, il ne s’agit nullement d’une attaque des extraterrestres!!…Comme il est écrit ci-après, je suis en train de monter une maison d’édition dénommée APRES LA LUNE, qui démarrera en février 2006, et je lance une souscription en complément du capital social de ma SARL, en cours de formation. Le montant de la souscription (close le 30 octobre 2005) est de 60 euros. Si ce genre de projet vous intéresse, les lignes qui suivent (garanties sans virus) vous diront tout sur ma petite entreprise. Dans le cas contraire, pardon pour le dérangement. Plutôt que de mettre ce texte en PJ – les trois-quarts du temps impossible à ouvrir par le commun des internautes, Mac, PC, bidule… –, je l’ai mis à la suite. Un dossier “papier”, plus copieux, plus lisible et plus précis, avec des chiffres, des projets de couvertures, est également disponible : envoi par la Poste sur simple demande. Merci de votre attention.
Cordialement.
Jean-Jacques Reboux
Après la Lune
26 rue Pétrelle
75009 Paris
08.74.59.70.39 (prix d’un appel local)
apreslalune@free.fr


En 2006, toutes les maîtresses seront en maillot de bain. (la rumeur)


POUR COMMENCER, QUELQUES HISTOIRES “PERSONNELLES”…
1984. J’écris mes deux premiers romans (ce sont des choses qui arrivent). 1992. Après 8 années de tentatives infructueuses auprès des éditeurs, je monte les éditions Canaille. Malgré ma totale méconnaissance du métier d’éditeur, grâce à une bonne dose d’acharnement, la maison survit et finit par se faire une place en librairie et dans le cœur des lecteurs. 22 livres paraissent en 4 ans. 1996. Grâce au succès de la collection “Le Poulpe”, Canaille intègre les éditions Baleine, qui me salarient. 40 titres en trois ans. Parallèlement, je  publie dans une autre collection les 3 premiers romans de Yasmina KHADRA, écrivain algérien qui a, depuis, fait son chemin. 1998. Le Poulpe s’enrhume. Baleine boit la tasse. Licenciement économique, chômage, etc. 2000-2001. Tandis que Folio réédite 3 de mes romans, Flammarion édite (et équarrit) “C’est à cause des poules”, roman écrit sur commande ; les éditions de l’Aube publient (et exécutent) le feuilleton Moulard ; sur la lancée, Le Masque édite (et massacre, à la hachette) “Pourquoi j’ai tué Laetitia Remington”. Désarroi, désillusions, paranoïa, difficile d’être un paysan mayennais à St-Germain-des-Prés !
2004. Après une énième mésaventure éditoriale chez un éditeur dont je tairai le nom par charité chrétienne, ayant constaté que nombre de mes petits camarades se plaignaient des drôles de zèbres que sont parfois les éditeurs, et riche de ces six années d’expérience (mais les poches vides), après avoir vécu quatre ans durant, jusqu’à la nausée, d’ateliers d’écriture et ayant par ailleurs renoncé à proposer mes services aux maisons d’édition, j’ai décidé, avec quelques complices, de créer ma propre entreprise, en tenant compte des expériences passées. Évidemment, ce type de projet nécessite audace, générosité, utopie. Mais comme le disait si bien Sénèque: “Ce n’est pas parce que c’est difficile que nous n’osons pas. C’est parce que nous n’osons pas que c’est difficile.” CQFD. C’est pourquoi la maison d’édition a été baptisée Après la Lune. Elle démarrera ses activités en mars 2006 et publiera 15 à 20 livres par an environ. Trois collections sont prévues.
1°) LA MAÎTRESSE EN MAILLOT DE BAIN. La collection des PETITS ARRANGEMENTS AVEC L’ENFANCE. Des textes courts, plus propices à l’envolée lyrique qu’à la plongée introspective, s’appuyant sur l’instantané d’un souvenir, à partir duquel se racontera, qui un fantasme de môme, qui un rêve de gosse, un acte fondateur de l’enfance, une cassure secrète… La Maîtresse en maillot de bain s’adresse à tous les publics. Parce que les histoires qui s’ouvrent grâce au sésame “quand j’étais petit” intéressent toutes les générations. Elle se propose de décliner une anthologie thématique, à laquelle ont été conviés des écrivains, chanteurs, comédiens… mais aussi des personnages historiques. La MMB permettra à nos contemporains de tenter de comprendre pourquoi des individus aussi différents que Freud, Jeanne d’Arc, Louise Michel, Jésus, se sont lancés à l’assaut de l’inconscient, de l’envahisseur anglais, de l’oppresseur versaillais ou de la Galilée ! Sigmund FREUD ouvrira le ban dès mars 2006. Mais d’abord, place aux vivants ! Les premiers à avoir répondu présent : Marie DESPLECHIN, François MOREL, Yasmina KHADRA, René FRÉGNI, Patrick CHAMOISEAU, Hervé JAOUEN, Marc VILLARD, Lilas NORD, Jean-Pierre ANDREVON, Hervé PRUDON, Tito TOPIN, Christian RAUTH, Hervé CLAUDE… Sous réserve : Pierre PELOT, Martin WINCKLER, François REYNAERT.

La MMB, ce sont des bouquins pas chers (6 €, poche, couvertures couleur), qu’on pourra offrir à ses enfants, parents, amis. Des livres qui intéresseront aussi bien les lecteurs assidus que les gens qui  lisent jamais. Première salve de 4 titres en mars 2006 (Desplechin, Khadra, Jaouen, Freud), avec un présentoir, afin que les livres ne soient pas noyés dans les rayons de la littérature générale.
2°) LA VIE SUR MARS. C’est le pari de la “littérature généreuse”. Une ligne éditoriale sinueuse et escarpée, où les textes atypiques, OVNI littéraires, seront les bienvenus. Grand format. 4 à 5 livres par an. Premiers titres : Sylvie COHEN, Dernier combat; Chawki AMARI, Duel en solitaire; Pierre FILOCHE, Méchant tango; Jean-Jacques REBOUX, De Gaulle, Van Gogh, ma femme et moi.
3°) LUNES BLAFARDES. Format semi-poche. 8 à 10 €. 6 livres par an. Polars et romans noirs. Premiers titres : Olivier THIÉBAUT, Enquête d’un père;  Sylvie ROUCH, Corps morts; Catherine FRADIER, Légitime colère; Jean-Jacques REBOUX, Le syndrome de Groucho. Comme je vous l’ai dit, je travaille à la création d’une SARL, dans laquelle j’aurai le statut de gérant. Mes besoins de départ s’élèvent à 60.000 €, seuil nécessaire pour ne pas être tributaire d’une trésorerie assujettie aux ventes en librairie et assurer sans trop d’angoisse les 6 premiers mois d’activité. Cette somme prend en considération les charges de fonctionnement, le fonds de roulement et le paiement de mes six premiers mois de salaire (au SMIC) à partir de janvier 2006. Une vingtaine de personnes se sont déjà associées à ce projet en souscrivant des parts de la SARL. Une bonne partie de la somme nécessaire est donc réunie. Mais ce n’est pas suffisant. C’est pourquoi, j’ai décidé de lancer, en complément du capital social de la SARL, une souscription.
Si vous souhaitez y participer, il vous suffit d’envoyer un chèque de 60€ (à l’ordre de J.-J. Reboux) à l’adresse suivante : APRES LA LUNE 26 rue Pétrelle 75009 PARIS en précisant vos nom, prénom, adresse (ainsi que votre courriel si vous souhaitez recevoir la future lettre d’information des éditions).
Si vous souhaitez que votre chèque soit encaissé à une date ultérieure – au plus tard le 31 octobre 2005 –, merci de le préciser. En contrepartie, vous recevrez nos 9 premiers livres : 4 “MMB” à 6 € (Desplechin, Khadra, Jaouen, Freud), 3 “Lunes blafardes” à 8 €, 1 “Vie sur mars” à 14 € (soit un total de 62 €). En outre, vous recevrez un cadeau de saison, au choix: la MMB du Petit Jésus (parution Noël 2006), ou celle de François Mitterrand (le 28 octobre 2006, on commémorera ses 90 ans, Après la Lune publiera à cette occasion le carnet intime secret de Tonton en culottes courtes.).
Je vous remercie d’avance de l’accueil que vous ferez à ce courriel et vous adresse mon salut le plus cordial.
Jean-Jacques Reboux 
»

 

Jeudi 7 avril

Merci à l’association Page Blanche de m’avoir fait passer ce message :

 

Message des Amis de Joseph Delteil:

« La Tuilerie de Massane va-t-elle disparaître ?...Nous venons d’apprendre qu’un promoteur immobilier serait sur le point d’acheter La Tuilerie de Massane (près de Montpellier) pour la raser et construire des appartements. Le Maire de Grabels (vice président de l’Agglomération montpelliéraine) semble se désintéresser du projet de conservation et de restauration de la demeure de Joseph Delteil. Il faut que les deux présidents de la Région et du Département interviennent rapidement pour envisager une autre destinée à cette « métairie à vins » qui respectera la mémoire de l’écrivain vigneron de Massane. Pour accompagner notre projet (conservation, restauration, fonctionnement de ce lieu de mémoire) que nous allons prochainement soumettre aux responsables politiques, nous avons décidé de lancer un appel urgent à tous les delteilliens de France et d’ailleurs afin que le « poids » des signatures incite nos élus à trouver une solution qui nous convienne. Nous attendons un millier de signatures au moins qui donneront force à notre projet. Il suffit simplement d’envoyer un courrier précisant le(s) nom(s) prénom(s) adresse(s) du (ou des) signataire(s) à l’adresse suivante: Jean-Paul COURT, 29 Rue du Château 34790 Grabels ou un courriel à jeanpaulcourt@neuf.fr ou massane@josephdelteil.org »

Rappel: du 2 au 10 juin, La Jeanne de J.Delteil au TNP de Villeurbanne.

Tel 04 78 03 30 00

 

Lundi 4 avril

       Suite du feuilleton « Quais du polar » :

Mon texte « Quais du polar ou Si vous raté le début » (voir plus bas) a circulé. Il a été bien reçu. D’abord, par la première concernée, la responsable politique dont il est question (très « politique », et très peu « responsable »).

Un colis dans ma boîte aux lettres. J’attends d’être remonté chez moi pour l’ouvrir. Tandis que je déchire son emballage et découvre le dernier livre que l’ami Pascal Garnier m’envoie, j’entends une femme s’étrangler sur mon répondeur (la fameuse responsable politique) « Je ne suis pas du genre à tendre l’autre joue, vous verrez quand… ». Elle n’a pas de chance, la bande de mon répondeur lui coupe la parole au beau milieu de sa menace. Au moment où cela devenait le plus intéressant.

Je pose l’ouvrage de Pascal (« Flux », chez Zulma) sur mon ordinateur. Je ne suis pas sans ami(e). Ni sans ennemi(e). Ni sans solitude. De quoi me plaindrais-je ? Est-ce qu’un type qui écrit a besoin d’autre chose ?

J’ouvre mon autre boîte aux lettres (sur Internet) : 62 messages depuis hier (dont 20 spams).

Sur ma table, le manuscrit d’un gros roman qui attend d’être réécrit de la première à la dernière page. Heureusement, il ne s’agit pas d’un polar. De ce côté là, quelque chose me dit que quelques portes (vermoulues) se sont fermées.

Il y a ces phrases de Jean-Louis Murat (extraites d’une interview) que j’ai recopiées il y a quelques mois : « Quand je dis ce que je pense, je mets un pied dans la beauté, le territoire que je veux habiter. »

 

Dimanche 3 avril

       QUAIS DU POLAR ou « Si vous avez raté le début »

 

       Pour planter le décor, je copie-colle un extrait de l’article paru dans le journal « Lyon-Capitale » il y a 15 jours :

       « SERIE NOIRE POUR QUAIS DU POLAR

       Démissions en série, menaces de procès et de boycott… En coulisses, la première édition du festival Quai des polars semble réunir tous les ingrédients d’un bon polar. (…)

       L’idée de ce festival du polar est née il y a 2 ans, lors de la pose de la plaque Frédéric Dard à la Croix-Rousse, d’une discussion entre Annie Mesplède, alors attachée de presse du maire de Lyon, Albert Agostino, journaliste claironneur, et quelques amateurs éclairés du roman noir.

       (…) La ville abrite, comme n’importe où ailleurs, quelques auteurs et de grands lecteurs de polars qui, pendant 20 ans, se sont approvisionnés en petits noirs à Choc Corridor, librairie lyonnaise spécialisée tenue par Jacky Dugrand.

       Pourtant, en moins de 18 mois, cette petite assise locale a volé en éclats et, aujourd’hui, le petit monde du polar lyonnais est à couteaux tirés. Après s’être investis pendant un an dans le projet du festival, des auteurs lyonnais comme Frédérick Houdaer et Gérard Jouannet ne veulent plus en entendre parler. Gérard Jouannet, alias Alix Clémence, est même parti avec la propriété intellectuelle du titre initial de la manifestation, Métropolar, et a pris un avocat pour réclamer ce qu’il estime être son dû pour ses mois de travail. La compagnie du théâtre du Radeau, chargée d’écrire une parodie de procès, lui a emboîté le pas. Si 11 libraires s’associent, Alain Léger d’ « A plus d’un titre » -ancien organisateur du salon du polar à Grenoble- refuse de participer à l’événement « par principe : on ne spolie pas des gens de leur travail. Un événement qui démarre comme ça, ce n’est ni très sérieux ni élégant. »

       Appelé à la rescousse fin novembre 2004, Jacky Dugrand, las de jouer les cautions littéraires et d’essayer de remonter une histoire sur un contentieux non réglé, a démissionné il y a moins d’un mois. (…) »

 

       Voilà. Vous venez de voir le film de ces derniers mois en accéléré. Qui a parlé de « Clochemerle-sur-Rhône » ?

       Pour répondre à certains amis, j’étais RAYÉ de la liste des 50 auteurs invités bien avant la parution de cet article. Ça se passe comme ça à Lyon, Capitale des Trois Gaules puis de rien du tout.

       Manquent de nombreux détails dans l’article. C’est Gérard Jouannet, le concepteur de Métropolar, qui m’a fait monter dans le train (en mai 2004). Et introduit à l’Hôtel de ville (plus tard). Où j’ai été bien reçu. Tellement bien que l’on a fini par me proposer le fauteuil de Gérard. J’avais le bon profil (incontestablement, ce salon du noir n’était pas mon bébé, j’étais malléable).

       Pas l’intention de jouer au martyr (surtout de crainte que l’on ne me colle une « cause » sur le dos). Ni de jouer à l’incorruptible (la proposition qui m’a été faite, je l’ai perçue comme aussi « inacceptable qu’inratable », ce sont les mots qui me sont venus à l’esprit sur le coup). J’ai essayé de mettre tout le monde autour de la même table. Gérard a sans doute été trop gentil. La Mairie, elle, a été parfaitement salope. Retorse de bout en bout. D’une certaine façon, c’est elle qui m’a aidé à prendre ma décision. Et à rester au côté de G.Jouannet.

       Premier constat : une mairie de gauche, ça sait moins facilement virer un type qu’une mairie de droite, ça prend plus de biais, de détour, et au bout du compte, ça se montre infiniment plus lâche et cruel.

       Le projet élaboré par Gérard ? Vous le retrouvez point par point dans le programme final. Et à ma connaissance, personne ne remet en cause son honnêteté (je parle de celle de Gérard).

 

       Il y a une longue malédiction qui pèse sur tout salon du livre se montant à Lyon, à ce qu’il paraît. La question est « croyons-nous dans les malédictions ?». Moi pas. Pas à celle-la. Mais à l’incompétence répétée de certains membres de cette municipalité, sûrement. La preuve en est la poursuite des embûches qu’a rencontrées sur son chemin le projet « festival du polar » après l’éviction injustifiable de Gérard Jouannet (et n’en déplaise à Jacky, son successeur malheureux, ces nouveaux contretemps ne sont pas les résultats d’une cabale souterraine, concoctée par quelques aigris au fin fond d’une traboule). Pour ma part, du mois de décembre à février, je m’en suis tenu à une simple ligne de conduite « Je ne dépenserai plus un gramme d’énergie sur ce projet, même pas pour en dire du mal ». Je n’avais pas envie de mettre dans le même sac tout le personnel de l’Hôtel de ville. Le pouvoir de nuisance n’est pas une forme de pouvoir qui m’excite. Quand on me posait des questions au sujet de ce salon du noir bien mal parti, je me contentais le plus souvent d’arborer un sourire las… et je crois que c’était le pire commentaire que je pouvais faire. Quand des amis auteurs ayant reçu une invitation de la mairie me téléphonaient pour obtenir plus de renseignements et savoir sur quel pied danser, je répondais (à peu près) : « si vous êtes invités, vous serez sans doute bien reçu, et ça nous donnera l’occasion de nous revoir dans ma ville. Point barre. »

Retour à l’hôtel de ville. J’y ai rencontré d’authentiques lecteurs. Quelques uns. Le pouvoir, ce n’est pas eux qui l’ont. Ils sont l’enjoliveur de la cinquième roue du carrosse. Je ne leur jette pas la pierre (quand je traite un type de « lecteur », c’est le plus beau compliment qui puisse sortir de ma bouche). Je préfère ma place à la leur, je préfère aller animer des ateliers d’écriture en prison ou dans des bahuts de banlieue (mais je ne voudrais pas trop passer pour un type de gôche, aussi je précise bien ce point important : je ne suis de gôche que lorsque j’anime des ateliers d’écriture… Comprenne qui voudra).

       Et maintenant ? Pas l’intention de m’enterrer comme auteur le temps de ce salon. D’où une signature sauvage sur le stand d’un libraire ami. Nul besoin d’avoir son nom écrit en lettres d’or sur le programme officiel pour cela.

       Salutation aux ami(e)s

Frédérick Houdaer 

 

"Travaille dans ton désordre au lieu de jouer dans leur programme".

Christian Dotremont

 

Mardi 29 mars

       Avec François Barcelo, nous descendons dans la Drôme jusqu’à la maison-musée (invisible de la route) de Cécile Philippe. Quand je parle de « maison-musée », je n’exagère pas. Dans ce chalet monté comme un Lego (les poutres sont arrivés de Finlande, chacune numérotée pour que l’on sache les emboîter sans vis ni clou dans le bon ordre, sauf que les étiquettes se sont décollées durant le transport), se sont accumulés les œuvres de plasticien achetées par Cécile(1) durant sa carrière de journaliste. Sans compter les artistes qui sont venus ici pour peindre la plupart de ses portes (de Jim Léon à Mignot).

       Nous parlons littérature, Montréal (Cécile y a également effectué une résidence d’auteur et a pris l’habitude d’y vivre six mois par an), frelons (qui lui posent des problèmes sur son terrain drômois et composent le pire de mes cauchemars d’enfance depuis le jour où j’ai été coursé par tout un essaim, plus « Orphelin de Perdide » que moi, tu meurs !), manuscrits de François (en exclu mondiale, j’ai lu et commenté les deux derniers : « Pompes Funèbres » et « Bossalo »), Calaferte (que Cécile a bien connu), Chantal Pelletier (sa résidence d’auteur à Montréal est plus récente)…

       Avec François, nous allons visiter le Palais Idéal du Facteur Cheval à Hauterives.

       Enfant (j’habitais dans le nord de la France), j’étais un inconditionnel du Facteur. À mes yeux, il était l’artiste idéal. Quand j’ai visité une première fois son Palais, âgé de 15 ans, la désillusion a été rude. Vingt ans plus tard, j’y retourne. Je me surprends à être ému. Quand un autodidacte rencontre un autre autodidacte…

       Cécile nous parle du reportage qu’elle a voulu consacrer au Facteur Cheval il y a quelques années. Bien sûr que de son vivant, tous ses proches l’ont pris pour un cinglé. Cécile nous raconte sa rencontre avec les petites-filles du facteur. Des dizaines d’années après sa mort, alors que la consécration officielle (Malraux et cie) était passée par là, les membres de sa famille n’avaient pas changé de regard sur lui !

 

       Suite de la visite du Palais du Facteur :

       Ses auto-citations écrites sur les murs de son palais, truffées de fautes d’orthographe (elles ont mystérieusement disparues quand les phrases du facteur sont reproduites dans les brochures touristiques, blasphème !).

       « La vie est combats »

       « Ce que Dieu écrivit sur ton front’arivera »

       Il sait aussi bien faire parler sa femme que sa brouette :

       « Je suis fidèle compagne

       du travailleur intelligent

       qui chaque jour dans la campagne

       cherchait son petit contingent »

       « Moi, sa brouette, j’ai eu cet honneur

       d’avoir été 27 ans sa compagne de labeur »

       À l’intérieur du Palais : « J’ai voulu dormir ici ».

       J’attire l’attention de François sur cette formule irrésistible que l’on retrouve en plusieurs endroits du palais, et que l’on pourrait faire figurer sur les quatrième de couv’ de nos livres :

       « TRAVAIL D’UN SEUL HOMME »

       Nous avons beaucoup ri. Et je n’ai pas manqué d’acheter un portrait-carte postale du grand homme. Dire qu’il a commencé son œuvre à 43 ans ! À 70, il la finissait pour s’atteler à son tombeau qu’il acheva à 86 ans, juste avant de mourir).

 

(1)              (1)              par déontologie, Cécile a toujours refusé les cadeaux. Un jour, un peintre qui avait appris indirectement qu’elle aimait son travail, lui a envoyé trois petites œuvres. Elle les lui a renvoyées avec un mot d’explications, je ne peux pas accepter, etc. Le type les lui a renvoyées à son tour, mais pas du tout, vous n’avez pas compris, je ne tiens pas à vous demander quoi que ce soit, mais simplement à, etc. Elle les lui a renvoyées une nouvelle fois avec un mot « si, à l’avenir, vous faites une exposition, soyez certain que je n’en parlerai pas… »

 

Lundi 21 mars

       Sur la TAZ. Très riche et très discutable.

  

Dimanche 20 mars

       Lors de la fête organisée au Théâtre des Asphodèles, je me procure un recueil de poèmes de Eeva-Liisa Manner (« Le Rêve, l’ombre et la vision », chez Orphée/La Différence)

       « Marcher, marcher sans rien atteindre

       à travers la saleté et la neige, la touffeur épisodique

       et le terrible passé et la glaciation,

       celle qui fut et celle qui viendra ;

       dormir dans la neige et faire fondre avec son corps

       une plaque nue du grand glacier commun,

       apprendre l’art des mains, la lente espérance,

       construire une maison éventée et laisser entrer les pluies,

       trouver un chemin révolu et des pierres polies,

       muette densité de la pierre ; des humains aussi,

       et haïr son prochain comme soi-même ;

       manger des glands et des pignes, de la provende d’oiseau,

       partager son repas avec les animaux

       et apprendre leurs figure, leur langue et leurs traces rapides. »

(traduit du finnois par Jean-Jacques Lamiche)

 

       Je saisis mon « Petit Robert » pour chercher les définitions de « provende », de « ferler »…

      

Samedi 19 mars

       Cet ami d’ami qui trimballe avec lui son ordi tout au long de sa virée croix-roussienne. À minuit passé, il ouvre son ordi et exhibe les photos hilarantes de ses parents qu’il conserve sur son disque dur (un diaporama montrant sa mère en train de plonger dans l’eau lui arrache des larmes de rire).

 

Vendredi 18 mars
En début d’après-midi, je me rends à la prison Saint-Paul (sise tout contre la gare de Perrache et les quais du Rhône). Ce n’est pas une première. J’y retrouve Sylvie et Fabienne du groupe « Abus de langage », une association de lecteurs à voix haute. Il est prévu que nous lisions, que nous échangions quelques textes avec des détenus (je ne suis pas venu seul, mais accompagné de John Fante, de Withman et cie). Je n’évoquerai pas les petits problèmes que nous avons rencontrés dès l’entrée, je tiens à ce que nous puissions continuer à intervenir dans ces murs (fréquence prévue, tous les quinze jours).

Ceux qui ont lu mon premier livre publié (« L’idiot n°2 ») se souviennent qu’il y était abondamment question de la prison, des prisons, ainsi que de zen et de vedanta à la sauce Frédérick (où réside la dernière action possible, la vraie liberté, la marge de manœuvre inaliénable, avec un zest de hold-up par ci, une scène de poursuite par là, etc.).

À peine m’étais-je assis autour d’une table, entouré de huit détenus, que l’un d’entre eux me tend quelques feuilles photocopiées. Une nouvelle de Zweig (extraite de quel recueil ?) intitulée « VIRATA ». Comme son titre l’indique, l’histoire se passe en Inde, et le conte s’ouvre sur deux citations des Upanishads. Exemple :

« Ce n’est pas en évitant d’agir qu’on se libère en vérité de l’action,

Jamais on ne parvient à s’en rendre entièrement libre, fût-ce un instant. »

Moi :  - Pourquoi vous me refilez cette nouvelle ?

Le détenu :  - Pour que vous la lisiez. Vous connaissez Zweig ?

-         -         Oui. Mais pas ce texte là…

-         -         Emmenez-le chez vous, quand vous sortirez, tout à l’heure.

-         -         Je le lis et vous le ramène, promis.

Évidemment, cet homme n’avait pas lu mon « Idiot » (je ne me suis pas présenté comme auteur). Pourquoi est-ce à moi et non à Fabienne ou à Sylvie qu’il a refilé cette nouvelle de Zweig ?

 

Jeudi 16 mars

       Souvenir de ce garçon remarquable, très impliqué dans diverses luttes écolo-urbaines. Il y a 10 ans, je le voyais à l’œuvre, n’économisant jamais ses forces. Sa générosité était immense. Et pourtant, quelque chose n’allait pas, dans son attitude. Malgré (à cause de) son anticléricalisme déclaré, il avait un côté « moine-soldat » qui, tour à tour, m’agaçait et me fascinait. Très vite, cela m’a plus agacé que fasciné. Il détenait la Vérité, il se voulait un Pur (comme nombre de khmers verts, d’altermondialistes d’aujourd’hui). Quand il a écrit à l’Evêché pour être radié des listes des baptêmes, je me souviens lui avoir dit que son attitude était suspecte à mes yeux. Son rejet était trop fort pour être honnête.

Aujourd’hui, j’apprends qu’il fréquente l’église. Et je ne suis pas surpris.

 

Mardi 15 mars

       Dans ma boîte aux lettres, deux paquets from Belgium. Le 28ème numéro de l’excellente revue Microbe dont s’occupe Éric Dejaeger (je suis flatté d’y trouver l’un de mes textes) et le dernier recueil du même Dejaeger, aux éditions Memor : « Contes de la poésie ordinaire » (avec des illustrations de Joaquim Hock).

Extraits :

« LES CHOSES À MOITIÉ

Je m’habille tout en noir. Ou tout en bleu. Parfois en noir et en bleu, voire en bleu et noir. Dans ces deux derniers cas, j’ai l’impression de n’être qu’à moitié moi-même, l’autre moitié perdue dans le panier à linge sale. »

 

« JARDIN L’HIVER

Nuit froide et claire de janvier. Pendant une heure, j’ai suivi la course de je ne sais combien d’avions. Aucun n’a percuté une étoile. À croire qu’elles ne signifient rien pour les terroristes. »

 

On peut le commander en librairie ou envoyer un chèque de 15 euros à l’ordre de MEMOR à l’adresse suivante :

Microbe, Launoy 4, (B-) 6230 Pont-à-Celles Belgique

 

Samedi 12 mars

       Le dernier caravansérail de Ariane Mnouchkine au Palais des Sports de Lyon. J’arrive un quart d’heure avant le début du spectacle, sans billet. Devant l’entrée, on cherche des places, on n’en vend pas (public Téléramesque). Je m’inscris sur une liste d’attente. Quand sonne l’heure du début du spectacle, je suis le dernier sur cette liste d’attente, le dernier qu’on laisse entrer dans la salle, le dernier à chercher une place dans les gradins. N’en trouvant pas, je m’assois sur une marche. On vient me chercher pour m’installer au premier rang. À l’extrême gauche (vu de la scène). En face d’une rampe par où ne cesseront de passer, courant et portant du matériel, frôlant mes genoux, des dizaines de comédiens trois heures durant. Vingt centimètres derrière moi, une présence verticale : Ariane Mnouchkine. Voilà, cela peut commencer, je suis dedans.

       Ariane est le plus beau de tous les prénoms. Ma fille en sait quelque chose.

  

Vendredi 11 mars

« 9 songs » bien moins intéressant que « Intimité » de Chéreau (dans les deux cas, sex in London). Et qu’on ne vienne pas me dire que c’est une question d’âge ! À 20 ans, j’aurais aussi préféré le Chéreau (son meilleur film).

Ce que j’ai le plus apprécié dans le film de Winterbottom, c’est la fermeté avec laquelle il s’en tient à son parti-pris de départ : une scène de concert, une scène de sexe, une scène de concert, une scène de sexe... Refus de tout ressort dramatique.

 

Jeudi 10 mars

Histoire de contredire le texte daté de la veille, je serais heureux de recevoir votre avis, un petit retour de votre part au sujet de ce journal en ligne. Vous pouvez aussi bien intervenir sur le forum que me l’envoyer en privé (frederick.houdaer@laposte.net). Et pas de langue de bois, s’il vous plaît ! Le lisez-vous régulièrement, qu’est-ce qui vous touche, vous frustre, vous gêne dans son contenu, vous pousse à y revenir, etc.

 

Mercredi 9 mars

MERCI DE NE PAS ME RÉPONDRE

 

n’y rien

entendre

à la musique

 

trouvez-vous

qu’il y a

trop

de notes

chez Mozart ?

oui

non

sans opinion

 

trouvez-vous

que la musique

adoucit les mœurs  ?

quelles mœurs ?

 

voulez-vous mon opinion ?

voulez-vous

vraiment

mon opinion

sur les musiciennes ?

 

Mardi 8 mars

Quelques photos de la Cambuse du noir où j’ai passé le week-end.

 

Lundi 7 mars

       « Printemps des poètes » oblige, lecture de mes textes dans une mairie, sous le portrait officiel du Président. Ça a visiblement plu au grand Jacques. Je lui ai parlé presque trop gentiment entre deux poèmes.

 

Jeudi 3 mars

au bout du bourg

une ancienne usine de « je ne sais quoi »

a fermé ses portes

la production a été délocalisée

on ne sait où

on ne sait pas grand chose

mais on en parle

on ouvre sa bouche

malgré les mouches qui ont envahi le café

en se moquant de la saison

le journal qui passe de main en main

ne suffit pas à les chasser

 

Mercredi 2 mars

       "Ce n'est pas faire preuve de courage que de s'en prendre à des choses séculaires ou désuètes, pas plus que de provoquer sa grand-mère. L'homme réellement courageux est celui qui brave les tyrannies jeunes comme des matins et les superstitions fraîches comme les premières fleurs..."

Chesterton

 

Mardi 1ier mars

GENERIQUES

films

médicaments

tous ne se valent pas

certains contiennent une plus grande concentration

de paracétamol ou de stars

que d’autres

 

Samedi 26 février

il est historien de formation

si l’on en croit la légende qui figure sous sa photo

dans le journal

il se fait fort de nous expliquer

le pourquoi de certaines superstitions

son analyse est censée mettre à mal

des légendes populaires qui se perdent dans la nuit des temps

à mieux regarder son portrait

on lit dans son regard une tristesse incommensurable

sa veste rouge n’y peut rien changer

 

Vendredi 25 février

Il n’est pas n’importe qui. Il préside la World Sunset Bank. Sur son site, il glane mille et une images de couchers de soleil. Un jour, une amie lui envoie le cliché d’un lever de soleil, en faisant croire qu’elle l’a pris juste avant le crépuscule. Il n’y voit que du feu et l’intègre à sa collection. Quand elle lui dévoile le pot-aux-roses, il se fâche tout rouge.

 

Vendredi 18 février

       Trouvé à la cave un exemplaire du Monde daté de 2000 :

       "C'était un homme gentil, généreux et prenant soin des autres", soupire la veuve de Tom Ferebee, mort 55 ans après avoir largué une bombe sur Hiroshima, vendredi 17 mars, en Floride. 

 

Jeudi 17 février

Ce n’est pas tous les jours que l’on aveugle un cyclope, que l’on rencontre Calypso, Nausicaa ou Circé. Mais il y a des périodes comme ça, des périodes qu’il vaut mieux traverser ficelé au mât de son navire.

Là où certains parlent de « la nature de Bouddha » en la voyant chez les uns et chez les autres, je préfère parler de « la nature d’Ulysse », de ma nature d’Ulysse, de la vôtre, de la nature de tout homme.

Je comprends pourquoi Kazantzaki a commencé sa vie avec le Christ et a fini avec Ulysse (voir son autobiographie « Lettres au Gréco »).

 

Mercredi 16 février

aujourd’hui

j’ai lu un livre de Bobin

j’ai bu moult alcools

conclusion

Bobin me rend alcoolique

 

Mardi 15 février

X-ROUSSE.

J’habite au sommet d’une colline. C’est la ville, mais on y respire. Rien à voir avec le centre-ville où je descends le moins possible.

Il n’est pas rare qu’un hérisson ou qu’un caddie fou traverse ma rue.

La Croix-Rousse n’est pas le centre de Lyon, et je n’habite pas le centre de La Croix-Rousse

Les arbres sont nombreux dans mon quartier. Je reste incapable de les identifier. Des noms d’arbres, j’en ai trouvé plein dans des livres faits avec du bois coupé, sans jamais en retenir aucun.

 

Dimanche 13 février

Leonard Cohen et ses « Perdants Magnifiques ». Quand il écrit le portrait de Catherine Tekakwitha, au milieu des années 60, a-t-il déjà versé dans le bouddhisme zen ? Sans doute pas. Il est amoureux de Nico, il la trouve la plus mystérieuse des reines avec ses réponses énigmatiques, son art de détourner une conversation de la façon la plus imprévisible… avant de s’apercevoir qu’elle est sourde comme un pot.

 

Vendredi 11 février

nous ne sommes pas encore dans le Vercors

je dois au préalable

boire trop de café

mettre de l’essence dans la voiture

laisser ma progéniture à mes ascendants

dans le sac

sur mes pulls

je jette un livre consacré à Gurdjieff

un autre à Léonard Cohen

dans le sac

sur mes pulls

je jette un roman qui a failli décrocher le Goncourt

un recueil de poésie qui n’a pas rapporté un centime à son auteur

dans le sac

sur mes pulls

je jette la biographie d’un homme disparu sans laisser de trace

un essai très intelligent sur un sujet indéfinissable

cela devrait suffire pour le week-end

j’interroge ma femme

quelle distance a-t-elle prévue que nous marcherions

déjà ?

 

Jeudi 10 février

Une lecture. Pas une de plus. De quoi intéresser et faire hurler nombre de mes amis. De quoi me nourrir longtemps. Sur Ginsberg, sa poésie, sa cuisine, la méditation et le reste, un entretien ici.

 

Mercredi 9 février

       A la télé, un comédien sexagénaire joue le rôle d’un flic quinqua. Il claque avec violence la portière de sa bagnole de fonction. La Force est en marche…

 

lundi 7 février

ce qu’elle flashe

ne fait ni chaud ni froid

à la photocopieuse

faux

elle chauffe

 

Dimanche 6 février

       Aux amis qui souffrent et n’ont pas besoin de vaines consolations…

 

       Je ne sais pas. Parmi les nombreuses pages de Miller que j’ai pu recopier, il y a ces deux passages que je souhaite copier-coller.

 

       “ Quand j’abaisse les yeux vers ce foutu con de putain, je sens le monde entier sous moi, un monde qui chancelle et s’écroule, un monde épuisé et poli comme le crâne d’un lépreux. S’il y avait un homme qui osât dire tout ce qu’il pense de ce monde, on ne lui laisserait pas un pouce de terrain pour s’y tenir. Quand un homme apparaît, le monde lui tombe dessus et lui casse les reins. Il reste toujours trop de piliers pourris, trop d’humanité infecte pour que l’homme puisse s’épanouir. La superstructure est un mensonge et le fondement une vaste peur frémissante. Si par intervalles plus que séculaires, paraît un homme au regard avide et éperdu, un homme qui mettrait le monde sens dessus dessous pour créer une nouvelle race, l’amour qu’il porte au monde tourne en bile et il devient un fléau. Si de temps en temps nous découvrons des pages qui explosent, des pages qui blessent et flétrissent, qui arrachent des gémissements, des larmes et des malédictions, sachez qu’elles viennent d’un homme acculé, un homme dont la seule défense sont ses paroles, et ses paroles sont toujours plus fortes que le poids mensonger et accablant du monde, plus fortes que toutes les roues et les chevalets de torture qu’inventent les lâches pour anéantir le miracle de la personnalité. Si quiconque osait jamais traduire tout ce qui est dans son cœur, exposait ce qui est réellement son expérience, ce qui est vraiment sa vérité, je crois que le monde se fracasserait, volerait en éclats, et aucun Dieu, aucun accident, aucune volonté ne pourraient jamais en rassembler les morceaux, les atomes, les éléments indestructibles qui l’ont fait ce monde. 

       Henry Miller, Tropique du Cancer (trad. de Gérald Robitaille)

 

« En ce temps-là, je n’osais penser à rien d’autre qu’aux « faits ». Pour aller chercher sous les faits, il m’eût fallu être artiste, et on ne devient pas artiste du jour au lendemain. Il faut d’abord qu’on soit écrabouillé un bon coup, que soient annihilés les éléments de contradiction que l’on porte en soi, que l’on soit entièrement balayé en tant qu’être humain, pour renaître en tant qu’individu ; carbonisé et minéralisé afin de s’élever progressivement en partant du dernier dénominateur commun de soi. Il faut dépasser la pitié si l’on veut que la sensibilité parte des racines mêmes de l’être. On ne fabrique pas un nouveau ciel, une nouvelle terre avec des « faits ». Il n’y a pas de « faits » : il n’y a qu’un fait, qui est que l’homme, n’importe quel homme n’importe où dans le monde, est en voie d’ordination. Certains prennent la route la plus longue, d’autres la plus courte. Tout homme travaille à sa destinée à sa façon et personne ne peut lui venir en aide, si ce n’est par générosité, bonté et patience. Dans mon enthousiasme d’alors, bien des choses m’apparaissaient inexplicables qui éclatent aujourd’hui. »

Tropique du Capricorne, Henry MILLER

 

       Je fais quoi, là ? Le prêchi-prêcheur, le Saint-Bernard que personne n’a appelé ? J’aggrave mon cas avec une dernière salve (de Nimier cette fois, extrait de « Les écrivains sont-ils bêtes ? ») :

 

« Pour la vérité, il suffit d’ouvrir les yeux et de voir –voir la réalité telle qu’elle est. Mais comment est-elle ? Rectifions : voir la réalité telle qu’elle est la plus forte. Désarmer les choses, voilà déjà tout un destin d’écrivain. »

 

Jeudi 3 février

Voilà un texte que j’ai envoyé à une flopée d’adresses électroniques :

 

« Il s’est passé quelque chose l’été dernier. Pour moi. Pour tous ceux qui ont assisté à une représentation de “ La semeuse ” lors du festival de Pelussin. 

“ La semeuse ” se joue à Lyon, en ce début février. Les miracles ne se renouvellent pas. Ils peuvent se prolonger, connaître des répliques, ce qui n’aurait rien que de très logique pour des séismes.

“ La semeuse ”, c’est d’abord un texte de Fabrice Melquiot, un jeune dramaturge à l’écriture magnifique. 

Viennent ensuite Ariane Echallier, Coralie Trichard et Benoît Thévenot. La première met en scène. On y reviendra. Les deux autres, ce sont les comédiens. Les bombes humaines. C’est peu dire que leur engagement est total dans “ La semeuse ”, que ce qu’ils font de leur corps, de leur langue, est casse-gueule. Cascades sentimentales, toutes de finesse… les plus dangereuses.

Ariane Echallier donne autant. En amont. Elle s’expose au-delà de son corps. À ce stade, on ne parlera même plus de déséquilibre.

Je vous copie-colle le topo officiel :

«  Je prends la route vers te quitter puisque tu pars". Elle, une amoureuse abandonnée, perdue, part seule à la montagne, en Italie, au Portugal, en Espagne. Elle fuit partout où elle pourra se saouler de bières, s'étourdir de café pour vomir son histoire d'amour. Orgueilleuse, désinvolte, parfois insipide, elle se purge tant bien que mal de son inconstant amant. Lui, cruel et solitaire, semble détaché de tout et la hante de ses mots, de ses poèmes qu'elle tente de disséminer dans son voyage.
La semeuse est une danse d'images, à la frontière des corps et des mots qui raconte la solitude, l'errance et l'histoire d'un amour cédé à la parole. »

 

Avec un synopsis pareil, on est en droit de craindre le pire. On aura le meilleur. La mise en scène d’Ariane Echallier. Découvrir son travail, c’est vivre une vraie rencontre. Aïe, je viens d’écrire le mot “ rencontre ”. Je vais écrire bien pire.

De la mise en scène de cette pièce se dégage une violence inouïe, un amour qui ne vise, ne frappe pas que le texte, les comédiens, le public… Cela vous traverse, vous porte, vous soulève. Un coup de poing, vous dis-je… capable de vous relancer le cœur après une panne cardiaque. Quelque chose qui vous sauve.

Il m’est arrivé quelque chose à Pélussin, l’été dernier. Un choc théâtral comme je n’en avais pas vécu depuis… ma découverte de Jacques Séréna au Point du Jour.

Allez voir une pièce dans l’année. Allez voir “ La semeuse ”. Je rembourse si pas convaincu(e).

Frédérick Houdaer 

 

LA SEMEUSE

par le Théâtre de Lalue

du 7 février au 12 février, 20h30

ça se joue à

La Scène sur Saône/le Croiseur

4 rue Croix Barret 69007 Lyon, 04 78 42 86 86

 

Mercredi 2 février

       Passage terrible dans “ Rencontres avec Bram Van Velde ” de Charles Juliet :

       “ Je lui parle d’un garçon que je connais, qui admire des écrivains et des peintres qui se situent aux antipodes, dont la démarche n’a rien de commun.

       La réponse jaillit sur-le-champ :

       - Ça montre combien sa tête est loin de son œil. ”

 

Bram Van Velde = LE lien entre Juliet et Djian. Tout deux lui ont consacré un livre. À ma connaissance, cela n’a jamais été souligné par les critiques.

 

Mardi 1ier février

       J’emprunte un bouquin vieux de quinze ans “ Panorama du polar français contemporain ”, histoire de peindre quelques trognes supplémentaires de noireux dans mon nouveau roman. La couverture du bouquin est exemplaire : un dessin très B.D représentant Delon, Signoret, Gabin et quelques autres (dont Miou-Miou en “ femme flic ” !) regroupés autour d’un brancard. Pourquoi foutre des acteurs en couverture d’un bouquin ne causant que des auteurs pour une fois sortis de l’ombre ?

 

Lundi 31 janvier

       Enième opération sur mon vélo (un pneu crevé à réparer depuis un mois!). Malheureusement, celui que Miller a surnommé "mon meilleur ami" ne comprend pas que je ne désire que son bien... et il ne se laisse pas faire !

 

       Lectures :

"Les usages de l’éternité" essai de Patrick Kechichian sur Ernest Hello

« Les auteurs de la Série Noire, Voyage au bout de la Noire, 1945-1995 »

 

Dimanche 30 janvier

       Qui m’a appris que Kerouac n'avait pas son permis de conduire ? “ Sur la route ”, ha-ha !

 

« Vous êtes la guérilla contre la mort climatisée qu’on veut vous vendre sous le nom d’avenir. »

Cortazar

 

Samedi 29 janvier

Etrange rêve fait cette nuit (et ce n'est pas la première fois) : je me perds dans un cinéma labyrinthique, une sorte de multiplexe aux couloirs interminables. Quand je rentre dans une salle de projection, c'est pour "rentrer" dans le film qui éclaire l'écran et avoir le plus grand mal à en sortir... mais pas moyen de sortir du cinéma lui-même. Un rêve presque trop exemplaire (j’ai hésité à le noter).

 

       “ Ils n’ont pas encore de machines à détecter les rêves subversifs, mais ça viendra : faisons-leur, en ce domaine, le plus large crédit. ”

       André Hardellet (Lourdes, lentes)

 

DVD : "Une femme sous influence".

Casavettes / Gena Rowlands. Un film d’amour, ça ressemble à ça, pas à West Side Story.

 

Une dernière notule cinématographique comme ça, l’air de rien, pour dire l’époque : « Bad Lieutenant », LE film catholique de ces dernières années (j’ai bien écrit « catholique ») est classé X aux Etats-Unis et purement et simplement interdit en Irlande. Il y a 40 ans, avec son sulfureux « Théorème », Pasolini décrochait le Grand Prix de l’Office Catholique.

Je n’en conclus rien.

 

Vendredi 28 janvier

       Déjeuner avec l’ami François Barcelo (le premier québécois publié dans la Série Noire) au resto croix-roussien « Mon père était limonadier ». François est en résidence d’auteur à Lyon pour trois mois. Il est arrivé à Lyon-ST-Exupéry la semaine dernière, en même temps que la neige. Je n’ai jamais vu le boulevard de la Croix-Rousse ressembler à ce point à une avenue de Montréal. Le marché baignait dans la slotche. Nous avons dû nous cramponner à une rampe pour contourner le Gros Caillou et gagner la place Bellevue. Mais pas de glissade aujourd’hui.

Tout à la joie des retrouvailles, j’ai oublié de le questionner sur l’avenir de la Série Noire.

Hier, François a fait du vélo. Il est fou (et c’est un ancien kamikaze à deux roues qui l’écrit).

 

En parlant de fou… Rien à voir avec François sur son vélo un peu plus haut. Dantec (je sens que je vais faire souffrir certains de mes amis). Ça ne choque personne qu’il se trouve actuellement sans éditeur, que Gallimard puis Flammarion n’aient pas osé sortir le tome 3 de son Théâtre des Opérations. Ce n’est pas que je me fasse du soucis pour l’avenir éditorial de Maurice G., mais ses tribulations actuelles en disent long sur l’état de l’édition française et son auto-censure permanente.

Là encore (voir plus bas, à la date du 24 janvier), ça devrait être une porte ouverte que j’enfonce. Et bien non, ce n’est pas le cas.

Antoine Gallimard s’est dégonflé en premier. Son pirate de grand-père, lui au moins, était capable de dire à Nimier « Il n’y a qu’avec Drieu et avec ? que je ne me sois pas emmerdé. » 

En tant que lecteur, un débat (un peu, beaucoup) contradictoire entre Dantec et… mettons Daeninckx (ou Marhic, qui est sûrement moins cher, connaît aussi bien les sujets à aborder, est peu suspect de, etc.), voilà quelque chose que j’aimerais voir, qui nourrirait ma réflexion. Malgré les innombrables salons du polar qui fleurissent en France, c’est tout simplement IMPOSSIBLE. Quelle radio organiserait une pareille rencontre ?

Il y en a un qui connaît également bien les sujets, est peu suspect de, etc. C’est Pouy. Pouy connaît bien Dantec. Il l’a connu tout jeune. Dantec et Benacquista, et d’autres, étaient « ses élèves ». Pouy n’était pas prof mais conseiller d’orientation ou pion ou un truc comme ça. 

J’ai questionné directement Pouy sur Dantec, l’automne dernier. Tous deux, nous participions à un salon du livre où il n’y avait pas un rat. Nous avions bouffé à trois (Pouy, Pierre-Jean Balzan éditeur -la Fosse aux Ours- et moi), et durant tout le déjeuner, Pouy et Balzan avaient parlé des problèmes de la petite et de la moyenne édition, et tout ce qu’ils avaient dit n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd (je gamberge sérieusement autour de l’idée d’une petite structure éditoriale, des problèmes de distribution, etc.).

Après le repas, je demande à Pouy « t’en es où avec Dantec ? C’est quoi ton histoire avec lui ? »

Je regrette de ne pas avoir noté immédiatement ce qu’il m’a dit. Disons qu’il m’en parlé avec une réelle chaleur humaine, qu’il mettait les courriels de Maurice G. avec les Identitaires sur le compte de sa naïveté, qu’il lui reconnaissait un gros talent, depuis le début, etc. Évidemment, chacun des deux avait les pieds posés sur un continent différent. Mais rien à voir avec le Pouy que j’ai découvert en 1999 lors d’une table ronde à la Bastille (mon premier salon en tant qu’auteur), date à laquelle il se vantait d’avoir aidé à virer tous les auteurs de droite de la Série Noire. Je me souviens de ma consternation à l’époque, de mes pensées du style « c’est fini le temps où un Manchette pouvait publiquement reconnaître le talent d’un A.D.G tout en l’appelant son ennemi ».

Dans un journal que j’ai tenu il y a deux ans (avant que je n’apprenne l’existence des blogs), j’ai recopié et commenté le portrait chinois de Pouy. Son principal défaut ? La méchanceté. C’est ce qu’il répondait. Je n’en suis pas si sûr.

Pouy ne tient pas un double langage. Mais je le crois aussi compliqué que son écriture (merde, c’est un écrivain !).

Son écriture, j’ai eu l’occasion de la goûter, de la mâcher (voir aussi ma rubrique « Frédérick lecteur »). Je fais partie d’un groupe de « lecteurs à voix haute », « Abus de langage ». L’année dernière, j’ai lu en public (et dans un jardin ouvrier) les premières pages de « La belle de Fontenay ». Je les ai portées sur le bout de ma langue. Il m’en a coûté un sacré travail en amont. L’écriture de Jibé, je l’ai redécouverte de l’intérieur, elle est encore plus complexe que je ne le pensais. Et pas faite pour être lue à voix haute, d’après le même Jibé. Sûr qu’il n’écrit pas à l’oreille.

Donc, QUI organisera un débat Dantec-Pouy (je sais qu’il y a des journalistes qui me lisent) ? Et d’où viendront les freins, qui érigera des barrages ?

      

One shot :

Celui qui se consacre au roman noir doit rencontrer la métaphysique tôt ou tard, car toute sa concentration, que ce soit dans la vie ou dans l’écriture, est dirigée vers ce combat sans fin entre le bien et le mal; sa carrière est comme une vie entière de travail passée à franchir chaque jour à bicyclette dans les deux sens la frontière entre un pays civilisé et l’Allemagne nazie.”

Robin Cook (si la citation était de Dantec, j’imagine les réflexions qu’elle s’attirerait…)

 

Jeudi 27 janvier

Pour Géhef (multilingue) :

"To begin to define Selby's brilliance and power, you have to go back to the rhythms of Homer, Hesiod, and Sappho; back to the dark and light and beauty of Dante; and back to what lay beyond and beneath that sign on the Belt Parkway from which he took the title of his first novel. Everything that Herman Melville, that other great ex-seaman, and no stranger to Brooklyn, is held up to be in the pantheon of American literature, Hubert Selby, Jr., is. What Moby Dick was to Melville's century, Last Exit to Brooklyn is to ours, and between the two, Selby's is the better book. If that be called heresy, know that it be called so only by those of the same dead mind as they who allowed Melville to die unknown. There are only a few American writers who are in Selby's league, and in a wholly different way: Peter Matthiessen at his best; Philip Roth, maybe, when he takes off his yarmulke. And if you want to talk about living fucking legends, when it comes to writers, Selby is the only game in town. I mean, this guy should be wearing fucking laurel leaves and pulling down a million a year."                                                                         (Nick Toshes)

Mercredi 26 janvier

Me hantent encore les images de « L’année du dragon » repassé dernièrement sur Arte. La première fois que je les ai vues, j’avais 17 ans, et j’ai tout de suite su qu’elles sonnaient le glas de mes belles idées. Aucun regret.

 

Dans ma boîte aux lettres, une épaisse enveloppe qui arrive de Belgique : l’intégrale (ou presque) Éric Dejaeger, auteur-éditeur avec lequel Renaud Marhic m’a mis en contact. Un vaste trafic de Speculoos poétiques est en train de se mettre en place. Je ne puis en dire plus, sans mettre la vie des miens en danger… Je tenais simplement à dénoncer ces deux individus.

Au passage, j’apprends grâce à eux que de très nombreux textes de Bukowski restent inédits, des poèmes pas encore traduits en français ni publiés.

Et zou, un petit morceau du sieur Dejaeger, reproduit sans son autorisation (il est trop cher) :

« Mes voisins savaient que je lisais beaucoup et qu’il m’arrivait d’écrire de la poésie, deux activités assez mal considérées dans le quartier.

À chaque barbecue, ils s’amusaient à lancer des livres de gare par-dessus la haie en criant « pull ! ». Il savaient aussi que j’étais le seul dans le coin à ne pas posséder de riot-gun.

Un dimanche midi ensoleillé, alors qu’ils se livraient à leur jeu favori, je ripostai en leur envoyant quelques uns de mes derniers poèmes.

L’effet fut immédiat : ils cessèrent. Et déménagèrent le lendemain. Depuis, je laisse toujours l’un ou l’autre petit poème bien en vue quand je dois partir en espérant que les voleurs ne soient pas analphabètes. Je n’ai aucune envie d’acheter un riot-gun. »

Extrait de « Elagage Max », éditions Mémor, collection Transparences

 

Mardi 25 janvier

Perdu dans Vaulx-en-Velin (un atelier d’écriture à animer). Je ne l’invente pas ce panneau qui m’indique la direction du « CIMETIÈRE DE L’ÉGALITÉ ».

 

-                  -                  J’ai jamais vu le Roi Lear tout seul, dit la libraire excédée à sa cliente. On nous le fourre toujours avec Hamlet ou une autre pièce de Shakespeare.

-                  -                  Vraiment ? C’est pas possible de trouver juste le Roi Lear en livre ?

-                     -                     Pas tout seul. Le Roi Lear n’est jamais tout seul. Avec Hamlet, les trois-quarts du temps. Je vous l’ai dit.

       Les deux femmes étaient charmantes.

 

Lundi 24 janvier 

Claire :

-         -         Tu me stresses, quand je te vois manger ta pomme.

-         -         Quand je quoi ?

-         -         Quand tu croques ta pomme aussi vite, comme ça. Tu la manges comme un carnivore. Je vois mon homme croquer dans une pomme, et je vois un carnivore !

-         -         Même quand je croque dans une pomme bio ?

 

Dispution (discution + dispute) au téléphone avec un ami, auteur d’un « Poulpe ». Cela fait deux ans que je sais la chose suivante : la date de décès officiel de Gabriel Lecouvreur dit « Le Poulpe » est le 21 avril 2002. Ça devrait être une évidence, une porte ouverte que j’enfonce, là.

Si mes collègues polardeux, mes confrères (j’adore ce mot) noiristes veulent bien faire suivre…

 

Dimanche 23 janvier 

       Recopiées dans mon disque dur depuis belle lurette, ces phrases somptueuses signées Anouilh et Audiberti. Question, où les ai-je repêchées ? Ce n’est pas un jeu… Je l’ignore vraiment.  Qui me rafraîchirait la mémoire ? Le forum est fait pour ça !

 

       “ Je veux que tout redevienne difficile, qu’on paie tout soi-même, l’amour et la liberté, et que ça coûte cher.        

Jean Anouilh

 

       “ La rage de découvrir une droite et une gauche dans le strict domaine du style ne se recommande, certes, d’aucune science, d’aucune méthode. Il n’est pas interdit, néanmoins, de constater que l’aisance, la fluidité, disons “ aristocratique ” de la plupart des écrivains du XVIIIème siècle, reliées à la prose incolore et suprêmement aisée de Fénelon et de Mme de La Fayette, se prolongea jusqu’à nous dans un certain ton élégant, désinvolte, volontiers bâclé, où se restitue le langage parlé d’une bonne société altière et bien-disante. Cette formule rassemblerait à la fois Lamartine, Alfred de Musset, les gens qui écrivent leurs mémoires, tous ceux qui pratiquent un rythme moralement “ impair ” à la fois coulant et entrecoupé, talon rouge même si le signataire s’appelle Verlaine. A cette formule s’opposerait le martèlement laborieux, cordonnier, forgeron, “ prolétaire ” de certains, Michelet, Hugo, Péguy. Ceux-là, par une sorte de hantise matérielle et carrée de la phrase, quels que soient par ailleurs les souffles qui les portent, ceux-là suggèrent la C.G.T. Chateaubriand est à cheval sur eux et sur Talleyrand. Ces forgerons prosodiques engendrent Jaurès. Zola frappe à leur porte. Ils montrent sans cesse leurs bras, leur sueur. Ils ont, au moins, un prédécesseur, Bossuet. En effet Bossuet, comme Hugo, fait valoir le muscle. Il brandit le marteau. Mais Stendhal (…), comme Saint-Simon, tout en passant sa vie à écrire, donne l’impression qu’il n’en a pas le temps, requis par des rendez-vous, des bains à prendre, des pédicures, des archevêques. Leconte de Lisle, travaillant ses vers sous un étau, serait un écrivain de gauche. De droite, Jean Paulhan, pour autant qu’il feint de pondre du bout des doigts. De droite aussi Drieu La Rochelle, toujours à la limite de la faute d’orthographe, par dandysme subtil, par brillant laisser-aller. Mais cette division, je le répète, n’a quelque sens qu’en cuisine écrivassière pure. ”

Audiberti

 

Samedi 22 janvier 

Lyon, c’est deux prisons au bord d’un fleuve.

Lyon, c’est un roi sur un canasson au milieu d’un immense terrain de tennis au centre d’une presqu’île.

Lyon, c’est une ville internationale où personne ne parle de seconde langue.

Lyon, c’est une ville où je ne suis pas né et où je ne mourrai pas.

Lyon, c’est la ville où sont nés mes enfants et où mourront mes parents.

Lyon, c’est l’Histoire qui garde en permanence sa main sur votre épaule.

Lyon, c’est de moins en moins de cabines téléphoniques.

Lyon, c’est une assemblée de toques blanches qui prend la pose devant des jets d’eau.

       Lyon, c’est…

 

Vendredi 21 janvier 

« Je médite, ce qui n’est pas pour plaire à mon éditeur. »

Extrait de « Ceci est bien une pipe », 172e aventure du commissaire San-Antonio

 

Mardi 18 janvier 

Rêve de cette nuit, sa toute fin (sur le coup des 5h) : On me demande (qui déjà ?) quel rôle je souhaite jouer, celui d’un enfant ou celui d’un flic ?

 

Lundi 17 janvier 

Je pense à deux personnes. Le seul que je peux citer s’appelle Dominique Salon. Retenez bien ce nom.

À l’heure qu’il est, aucune de ces deux personnes n’a signé avec un éditeur. J’espère que pour eux l’année 2005 sera celle de la signature de leur premier contrat. Ils le méritent.

 

Entendu dans une grande surface, à côté d’une pleine palette de « Farenheit 11/9 » (le DVD palmé de Michael Moore) :

« KICÉKÉ MORT ? LETSUNAMILATUÉKI ? »

 

Dimanche 16 janvier 

Trouvé ça.

 

Mercredi 12 janvier 

Un magazine ouvert sur la photo de Charles Juliet. Et sur la porte de mon bureau, le poster grandeur nature de Bruce Lee (supplément au numéro spécial « 30e anniversaire » de la revue KARATE-BUSHIDO). Mes deux maîtres en rigolade ?

Dans « Big Boss », Bruce Lee esquisse quelques pas de danse après avoir été porté en triomphe par des ouvriers dont il défendait la cause. Dans la vie réelle, la seule compétition remportée par Bruce Lee n’est pas un championnat de karaté, mais un concours de danse cha-cha-cha. Je rêve de voir Bruce Lee dans une comédie musicale, je rêve d’un match Petit Dragon vs Fred Astair (de son vrai prénom Frédérick, as me !).  

 

Samedi 8 janvier 

J’explore la blogsphère depuis… deux mois à tout casser.

Blog : quel vilain mot (je suis le combientième à le noter ?).

A propos de sphère. Dixit Peter Sloterdijk (copié-collé sur www.antagonisticart.com):

« La créativité, c'est la capacité de meubler la sphère et de l'agrandir. Le concept de créativité ne peut pas être séparé du concept d'enrichissement du monde. Si la créativité est enrichissante, c'est dû à sa capacité d'agrandir l'espace comme lieu du choix des possibles. Le couple, la dualité, c'est l'entité de base à partir de laquelle cette création de l'espace a commencé. C'est la forme élémentaire du multiple. Cela implique un parti pris pour la diversité et la multiplicité. On ne doit pas compter à partir de UN, mais à partir de DEUX. La relation mère enfant est, de façon constitutive, une conjuration. D'une manière plus générale, les êtres humains sont toujours des conspirateurs et la capacité de former une société plus élargie implique la capacité de former de grandes conspirations. Au XIXe siècle, la forme la plus englobante de la conspiration, c'était l'État-nation. On commence à comprendre, de plus en plus au cours du XXe siècle, qu'il faut, finalement, mettre en chantier une conspiration encore plus complexe qui n'aurait pas de " non-membres " et qui serait l'humanité.»

 

Jeudi 6 janvier 

Combien sommes-nous à avoir un site, un blog et tout le tintouin… et à ne PAS avoir l’ADSL ?

 

Mercredi 5 janvier 

Alice et Arthur (sept ans à eux deux) émerveillés par « Barbie et Casse-Noisette ».

Moi, émerveillé par la phrase de Nimier.

 

Samedi 1ier janvier 

Il y a deux ans, j’achevais une résidence d’auteur de trois mois à Montréal. Souvenir de cette boulimie de lecture de classiques français qui m’a saisi au cœur de cette ville unique mais incontestablement américaine par de nombreux aspects. Je n’ai retrouvé Selby, Brautigan et cie qu’une fois revenu à Lyon !

Je continue aujourd’hui à associer Montaigne ou le Cardinal de Retz à Montréal.